Le projet Laurentia et l’après-COVID

HEIDI WAGNER, Québec

POINT DE VUE, Le Soleil, publié le 19 avril 2020
Dans l’ère post-COVID, que devient le projet Laurentia du Port de Québec, basé sur l’accroissement illimité du commerce international?

Le projet Laurentia, c’est une extension de 610 mètres de la ligne de quai actuelle et l’aménagement d’un terrain d’arrière-quai d’une superficie de 170 000 m2, complétés par le dragage de 453 000 m3 de sédiments. Dans la baie de Beauport, à même le Saint-Laurent, dans une rare aire de reproduction du bar rayé. Voilà pour l’environnement local.

Ces installations permettraient de recevoir annuellement 500 000 conteneurs, qui seraient immédiatement réexpédiés par trains et camions à travers la ville, vers le marché visé, le Midwest américain. Voilà pour la qualité de vie.

Pour manutentionner les conteneurs, le Port a signé une entente avec Hutchison Port Holdings, un opérateur portuaire basé à Hong Kong, domicilié dans les îles Vierges britanniques. Plus local et plus chinois que cela, tu meurs.

«Pour nous, la mise en place d’un tel projet est étonnante compte tenu de la dynamique du marché reconnue par l’industrie maritime faisant de Montréal et Halifax les plaques tournantes du marché des conteneurs dans l’Est du Canada», a écrit la vice-présidente affaires publiques à Port de Montréal, Sophie Roux. Une façon polie de dire que ce projet ne tient pas la route.

Pour réaliser l’aménagement souhaité, le Port a besoin de 190 millions $, provenant en partie des gouvernements fédéraux et provinciaux.

Le Port de Québec a en parallèle dans ses cartons un projet de modernisation de 300 millions $, urgent compte tenu de l’état délabré de plusieurs de ses quais et de la manutention à ciel ouvert de produits miniers. Voilà où l’argent public doit aller.

Nulle part ailleurs.

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