Et si on mettait une piscine dans la cour arrière?

Mylène Moisan, Le Soleil, publié le 15 juin 2019

CHRONIQUE / Je vous parlais jeudi de la cour arrière la plus cool de Québec, face au fleuve, où on peut prendre un verre les pieds dans l’eau pendant que les enfants pataugent autour en maillots de bain. Et si on ajoutait une méga piscine?

L’idée ne date pas d’hier, en fait elle remonte au 19e siècle comme me l’a rappelé le géographe Léonce Naud, qui milite depuis toujours pour qu’on puisse se baigner quelque part dans le Vieux-Port. Il ne rate pas une occasion de le faire, celle-là n’allait pas faire exception.

Voici ce qu’il m’a écrit : «Ce même endroit a présenté une allure ainsi que des fonctions fort différentes depuis la fin du 19e siècle jusqu’aux années 50. On eût pu l’aménager différemment, notamment en agrandissant du côté ouest l’ancien Bassin de la Douane au lieu de le combler. Une rade protégée à cet endroit aurait offert un plan d’eau suffisamment vaste pour permettre l’usage de petites embarcations (kayaks, planches à voile, etc.), voire la baignade au fleuve comme à l’époque de Philippe-Aubert de Gaspé.»

Au lieu de ça, on a bétonné.

On a fait une agora qui s’est toujours cherché une vocation, qui a même perdu le seul événement qui s’y tenait depuis quelques années, les spectacles de cirque qu’on y présentait ont été déplacés à ExpoCité. À part Bordeaux fête le vin à Québec à la fin août, je n’ai trouvé aucun autre événement qui s’y tient cet été.

C’est triste.

M. Naud m’a envoyé des images de l’avant agora, où on voit le grand bassin devant l’édifice de la Douane qui, comme l’indique son nom, a longtemps été l’entrée principale de la capitale. On y naviguait, y accostait. En 1983, quand on a décidé de construire l’agora, on devait aménager des bassins autour qui, l’hiver, devaient devenir des patinoires à la «Rockefeller center».

C’est raté.

Le reste de l’histoire est connu, l’agora a été construite, sans jamais tenir ses promesses. Ironiquement, les plaintes à propos du bruit ont eu raison des tentatives d’y présenter des spectacles.

Dans le courrier du lecteur du Soleil d’avril 2006, la montée de lait d’un jeune. «Cette semaine, la Ville de Québec a atteint des sommets inégalés de bavure avec la publication des projets Des eaux et des hommes pour le 400e. Parmi ces projets figure la destruction de l’agora de Québec pour laisser la place à un plan d’eau. […] Après la récente fermeture du zoo, voilà qu’on a le culot d’annoncer la fermeture de l’agora comme un cadeau aux citoyens. Pour moi, le message est très clair. On ne veut plus des jeunes à Québec et on ne fera certainement rien pour les garder.»

On y a donc déjà pensé.

On s’y remet?

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