«On ne veut plus d’industriel dans le coin» : La Ville devra exproprier pour créer sa zone d’innovation

Qualifiée par le maire Labeaume de « prochain projet de société de Québec », la future zone d’innovation dans le secteur Beauport-Maizerets-d’Estimauville implique l’expropriation de plusieurs usines du secteur.

« On ne veut plus d’industriel dans le coin. On parle essentiellement d’entreprises technos (pour l’avenir) », a convenu d’emblée Régis Labeaume, lors de l’annonce faite hier matin.

Admettant ne pas avoir prévenu les compagnies qui seront touchées, le maire a révélé qu’un des terrains de l’usine White Birch sera exproprié. Les entreprises AIM (recyclage de métaux) et Glassine Canada (papier), situées toutes deux sur le boulevard Montmorency, seront également chassées.

Le dépôt à neige de la Ville « est appelé à disparaître » et à être déménagé, a ajouté le maire. Même sort pour le garage municipal. Aucune des résidences de ce secteur ne sera touchée par les expropriations.

Vaste projet

Les terrains visés pour la zone d’innovation représentent une superficie de 3,9 km2, dont 750 000 m2 de terrains développables et 275 000 m2 de planchers aménageables immédiatement. La Ville possède 40 % des terrains à développer, contre 60 % aux industries.

La proposition de zone d’innovation est la conséquence de la rareté des terrains à développer. Le projet a été déposé au gouvernement lors des consultations prébudgétaires liées au Projet Saint-Laurent du gouvernement caquiste. Cette vision touche des terrains situés à proximité des développements du port de Québec.

Par ailleurs, le maire a convenu qu’un éventuel troisième lien, entre Québec et Lévis, aboutirait dans ce secteur « en se connectant sur d’Estimauville ». Aussi, à l’image de la ville de Marseille, un mur séparerait la plage de Beauport du reste du développement, a-t-il spécifié.

Coûts et échéanciers

La Ville travaille à déterminer les coûts du projet et son échéancier. La première étape coûterait 75 millions $, dont 50 millions consacrés à la décontamination des terrains. Le maire a insisté sur le fait que les investissements viendraient du gouvernement du Québec. Ces sommes n’incluent pas le coût des expropriations.

La vice-première ministre Geneviève Guilbault a parlé d’un projet « très constructif ».

LA FUTURE ZONE D’INNOVATION

Quebec

IMPACTS POTENTIELS DE CE PROJET SUR UNE PÉRIODE DE 10 ANS

♦ 280 nouvelles entreprises

♦ 15 000 nouveaux emplois spécialisés sur une dizaine d’années

♦ Retombées annuelles en rémunération de 1 milliard $ pour des emplois à haute valeur ajoutée en plus des investissements physiques

Source : Ville de Québec

 

«C’est pas une façon de faire», dit un des futurs expropriés

Claude Jean, chef de la direction de l’entreprise Glassine Canada, n’a pas du tout apprécié d’apprendre, par médias interposés, que la compagnie qu’il dirige risque fort d’être expropriée.

« C’est pas une façon de faire. C’était la surprise la plus complète. Je n’étais pas du tout au courant. On a une business et une clientèle. Disons que ça n’aide pas beaucoup », s’est exclamé M. Jean hier.

Quelques minutes plus tôt, quelques-uns de ses 75 employés avaient déboulé à son bureau pour lui faire part des informations qui commençaient à circuler sur l’expropriation de leur entreprise de production de papier. La compagnie a pignon sur rue depuis 1957 sur le boulevard Montmorency.

« Ce n’est pas une bonne façon de l’apprendre. Je ne suis pas content. Je tente de joindre le bureau du maire pour comprendre cette histoire », a ajouté M. Jean.

Les oppositions réagissent

Par ailleurs, le conseiller de Démocratie Québec, Jean Rousseau, a jugé que l’administration Labeaume a agi de façon cavalière en annonçant ces futures expropriations. « Connaissez-vous une autre façon de faire de la part de M. Labeaume ? Non. C’est cavalier », a-t-il lâché. Il aimerait pour sa part un projet résidentiel plutôt qu’un pôle d’innovation.

De leur côté, les conseillers de Québec 21 ont applaudi le projet. « On salue l’initiative. Ça amène aussi la fameuse valeur ajoutée pour le troisième lien à l’est », a exprimé le chef Jean-François Gosselin.

— Avec Stéphanie Martin

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