L’air de Limoilou parmi les plus pollués

 

 

Les citoyens de Limoilou et de la basse-ville demeurent parmi les Québécois qui respirent le plus de particules polluantes. Le maire montre du doigt les poêles à bois.

La qualité de l’air s’améliore à Québec, mais «il y a encore du travail à faire», note le maire, à la suite du dévoilement des résultats préliminaires de l’étude Mon environnement, ma santé, que la Ville a financée au coût de 400 000 $.

En effet, à la station Québec–Vieux-Limoilou, les particules fines sont «parmi les plus élevées dans notre réseau » de stations d’analyse de la qualité de l’air, a indiqué Daniel Busque, analyste de la qualité de l’air au ministère de l’Environnement.

Le quartier devance plusieurs secteurs de Montréal, ainsi que Trois-Rivières et Longueuil, entre autres. Les particules fines sont les plus préoccupantes et deviennent un «enjeu de santé publique», parce qu’elles pénètrent le plus profondément dans le système respiratoire, a indiqué la Dre Isabelle Goupil-Sormany, adjointe médicale au Directeur de la santé publique (DSP) et coordonnatrice de l’équipe Santé et environnement du CIUSSS.

Les particules totales en suspension mesurées sont de leur côté «parmi les plus élevées au Québec, mais ça demeure comparable aux milieux similaires», a ajouté M. Busque. Pour les particules totales, seul le secteur Montréal-Anjou dépasse le Vieux-Limoilou.

Les particules sont généralement émises par trois sources, a identifié la Santé publique, soient le transport, les industries et le chauffage au bois.

«Au niveau des éléments chimiques, on est en baisse et on se compare favorablement aux autres villes. C’est une bonne nouvelle», s’est réjoui le maire.

Chauffage au bois

Il pointe de son côté les poêles à bois. «Il va falloir s’ouvrir les yeux.» Sans parler d’interdiction du chauffage au bois, le maire a annoncé que la Ville se penchera sur les moyens pour s’occuper de ce problème, laissant entrevoir des aides financières pour les citoyens qui voudraient se départir de leur vieil appareil polluant.

Les particules en suspension proviennent à environ 40 à 50 % de la circulation et de la combustion des hydrocarbures. Pour M. Labeaume, l’arrivée du tramway et du trambus, la zone d’innovation qu’il veut implanter dans le secteur D’Estimauville et qui implique le déménagement de certaines entreprises et le plan d’augmentation de la canopée pourront contribuer à améliorer la circulation.

Troisième lien

La conseillère responsable de l’environnement, Suzanne Verreault, estime qu’un éventuel troisième lien, qui aboutirait directement dans le secteur le plus affecté, viendrait anéantir les efforts qui sont faits de part et d’autre. «Avec la lutte qu’on mène depuis des années pour améliorer la qualité de vie dans le secteur, on va venir détruire des efforts qu’on a faits. Je n’y crois pas au plan environnemental, je ne suis pas favorable. (…) C’est complètement incohérent avec la vision qu’on se donne.»

Le maire, lui, a «pris la décision de se taire actuellement» sur le sujet du troisième lien. Le directeur de la Santé publique, le Dr François Desbiens, ne se prononce pas précisément pour ou contre le projet, mais souligne que «nous avons toujours promu que l’avenir pour l’impact sur la santé, c’est de favoriser le transport en commun, de favoriser le transport actif et de faire en sorte d’enlever le plus possible d’automobiles sur les routes».

Le Port

Quant au Port, le maire estime qu’il s’agit d’une cible facile. La Dre Goupil-Sormany souligne que les chercheurs n’ont pas comme mandat d’étudier la provenance précise des émissions polluantes. «J’ai des idées très claires là-dessus, j’attends quelques semaines pour les exposer très clairement», a quant à lui soutenu le maire, selon qui le port est une «cible facile». «Le projet d’agrandissement du port, nous l’appuyons dans la mesure où il va diminuer les risques pour la santé des gens de Limoilou.»

Les risques théoriques pour les citoyens touchés ont été identifiés, mais on n’a pas encore fait les études sur les impacts sur la santé. Cela fera partie d’une seconde partie de l’étude, dont les résultats seront dévoilés en 2020.

On sait déjà qu’il existe des «inégalités de santé significatives» pour les citoyens de la basse-ville. Ceux-ci sont davantage touchés par l’asthme et les maladies cardiorespiratoires que leurs concitoyens. Et il existe une différence d’espérance de vie en six ans de vie entre la moyenne régionale et la basse-ville.

Pour le conseiller Jean Rousseau, il faudrait travailler sur les sources des particules en suspension, comme le fait Montréal. En ce qui concerne les poêles à bois, Québec a selon lui «tout un retard à rattraper», alors que la métropole a déjà fait l’inventaire de tous les appareils sur son territoire. «Je souhaite que la Ville bouge plus.» Il estime que l’agrandissement du port va contribuer au problème, avec des dizaines de camions qui circuleront tous les jours pour accéder au site ou en sortir.

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