Véronica Lê-Huu, Radio-Canada, publié le 18 juin 2018
Couloir de nage de dimensions olympiques, bassin de détente, jeux flottants pour les enfants, la Société des gens de baignade rêve de ces aménagements dans un documentaire militant, qui sera présenté lundi soir, pour un accès public à l’eau du bassin Louise au port de Québec.
L’organisme longtemps connu pour son activité de trempette annuelle dans les eaux du bassin Louise revient à la charge pour faire la promotion d’un lieu de baignade urbain, derrière le marché du Vieux-Port, à l’ouest de la marina.
Dans un documentaire d’une heure rassemblant historien, citoyens et militants, la Société des gens de baignade met de l’avant un projet à l’image de la tendance actuelle des villes modernes, Paris, Oslo, Copenhague, explique le biologiste et scénariste, Michel Beaulieu.
« Ça s’inspire d’un mouvement qui est quand même planétaire d’un retour du contact avec l’eau par les citoyens au cœur des villes. »
L’idée, qui n’a pas encore été soumise au Port, met de l’avant l’aménagement de bassins délimités par des quais flottants disposés de manière contiguë et l’installation de passerelles permettant d’atteindre le centre du bassin en passant au-dessus des berges rocheuses.
Le tout serait facilement réalisable, à faible coût, estime M. Beaulieu.
« Je n’avancerai pas de chiffre, mais on est largement en bas du million et ça peut se faire par étapes. Ce sont des choses très simples, ajustables, mobiles, démontables. »
Une plage pourrait par ailleurs être aménagée sur le stationnement de véhicules récréatifs du côté de la Daishowa et pourquoi pas, un bar flottant à l’extrémité ouest du plan d’eau, imagine aussi la Société des gens de baignade.
La qualité de l’eau?
Selon le biologiste, l’argument de la qualité de l’eau parfois évoqué pour écarter la baignade dans le bassin ne tient pas la route.
L’eau du bassin, renouvelée par le fleuve Saint-Laurent, est selon lui d’excellente qualité, et n’est ni en contact avec la rivière Saint-Charles ni avec les égouts pluviaux.
« Lorsqu’on prend la dernière campagne d’échantillonnage par la Ville de Québec en 2009, 42 jours de la Saint-Jean jusqu’au début septembre, c’était baignable 98 % du temps. Il n’y a pas de plages qui peuvent compétitionner ça, ici autour, donnant accès au Saint-Laurent. »
Historiquement par ailleurs, c’est surtout du roc qui a composé le fond du bassin lorsqu’à la fin des années soixante, le Port y avait autorisé le délestage de déblais d’excavation des travaux de construction de l’édifice G et de l’autoroute Dufferin-Montmorency.
C’est pour Québec 84 que le gouvernement fédéral avait réexcavé le bassin qui fait maintenant 4 mètres de profondeur.
Le gouvernement souhaitait redonner un espace pour la navigation, avec la marina pour les voiliers, et un espace pour les citoyens, cette dernière promesse n’ayant jamais été réalisée, soulève le biologiste.
Convaincre le Port
Gestionnaire du bassin Louise, le Port a déjà des projets pour le pourtour du plan d’eau avec un quartier portuaire comprenant résidences, commerces, hôtels.
La Société des gens de baignade souhaite que le Port embrasse son projet en démontrant en été la même ouverture que celle dont il fait preuve en hiver, avec le village Nordik où les visiteurs peuvent pratiquer la pêche blanche.
« Auparavant, l’eau du bassin était interdite même en hiver. La pêche était interdite et le Port a ouvert ça et ça [le village Nordik] a très bien fonctionné. »
L’organisme sans but lucratif entend tâter le pouls face à sa proposition qui sera présentée publiquement lundi soir et espère que le Port répondra favorablement à son invitation.
Le documentaire intitulé Bassin Louise – Un plan d’eau ludique pour tous, la promesse fédérale brisée sera diffusé lundi soir à 19 h à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) et disponible par la suite sur les réseaux sociaux.
La revue Photo/Société publie également un numéro spécial de 80 pages sur le bassin Louise qui sera aussi disponible en ligne.
Origine du bassin Louise
Le bassin Louise porte le nom de la quatrième fille de la reine Victoria qui est venue poser la pierre d’assise lors de la construction. Le secteur a été aménagé en 1880 pour faciliter le rapprochement entre le chemin de fer et les bateaux pour le transbordement des marchandises. À partir de la fin des années 60, lors du déclin du chemin de fer en faveur du transport par route, le bassin inutilisé par les bateaux a été remblayé aux deux tiers, jusqu’à ce qu’un citoyen du secteur interpelle les politiciens pour empêcher sa disparition. Le secteur compte maintenant une marina et un espace de 7240 mètres carrés inutilisés.