Grand Splash: Valérie Plante se jette à l’eau, mais ne se mouille pas

Jeanne Corriveau, Le Devoir, publié le 4 juillet 2018

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, était du groupe qui s’est jeté dans le fleuve, mardi, pour le Grand Splash.
(Photo: Valérian Mazataud Le Devoir) La mairesse de Montréal, Valérie Plante, était du groupe qui s’est jeté dans le fleuve, mardi, pour le Grand Splash.

 

En pleine canicule, la mairesse Valérie Plante s’est jetée dans les eaux du fleuve Saint-Laurent mardi matin à l’occasion du Grand Splash annuel dans le Vieux-Port. Organisée depuis 2003, cette baignade collective qui vise à revendiquer un meilleur accès aux rives à Montréal rappelle combien il est parfois difficile de retrouver les plages que l’industrialisation et la pollution ont fait disparaître.

Deux projets de plage devraient se concrétiser dans les prochaines années, malgré quelques retards. Les aménagements terrestres de la plage de Verdun sont presque terminés, mais il reste des travaux à faire dans le fleuve. « Il nous manquait une autorisation pour travailler en littoral. On doit construire une cuvette pour retenir le sable afin qu’il ne soit pas emporté dans le courant », a indiqué le maire de Verdun, Jean-François Parenteau. L’élu s’attend toutefois à ce que la Ville obtienne le feu vert du ministère de l’Environnement au mois d’août pour une inauguration de la plage en 2019. Cette plage devrait pouvoir accueillir quelque 400 baigneurs lorsqu’elle sera surveillée.

Dans l’est de l’île, le projet de plage dans le quartier Pointe-aux-Trembles s’est pour sa part heurté à plusieurs obstacles. Des aménagements en rive ont été réalisés, mais une contamination des sédiments rend nécessaires d’autres travaux. « C’était autrefois une marina. Ça fait partie de l’historique du lieu et il faut corriger la situation avant de permettre aux gens de se baigner », a expliqué la mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau.

Plusieurs solutions sont envisagées, soit retirer les sédiments contaminés ou recouvrir la section problématique. Mais selon Chantal Rouleau, cette découverte ne compromet pas la réalisation de la plage. « La qualité de l’eau est bonne. Huit fois sur dix, on peut se baigner, soutient-elle. On est plus habitués au Québec à fermer des plages qu’à en ouvrir. Il y a toutes sortes de contraintes. Mais on a le droit d’avoir un fleuve de qualité. »

(Photo: Valérian Mazataud Le Devoir) Des citoyens qui veulent avoir accès au fleuve participent depuis 2003 au Grand Splash. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, les accompagnait mardi.

 

La mairesse Rouleau est aussi candidate dans Pointe-aux-Trembles pour la Coalition avenir Québec (CAQ) en prévision de l’élection provinciale de l’automne. Et son chef, François Legault, a fait savoir mardi que s’il était porté au pouvoir, son gouvernement financerait ces travaux de décontamination dont les coûts sont estimés de 4 à 5 millions.

Quant au bain portuaire dans le Vieux-Port, le projet est toujours étudié par la Ville. La mairesse Plante, qui en avait fait une promesse électorale l’an dernier, a laissé entendre mardi que s’il ne pouvait se réaliser dans le Vieux-Port, d’autres sites pourraient être envisagés.

Directeur du Jour de la Terre et organisateur du Grand Splash, Pierre Lussier continue de croire que le site choisi, le quai de l’Horloge, n’est pas idéal et que le quai Jacques-Cartier serait plus approprié.

Les plages disparues

Montréal comptait plus d’une cinquantaine de plages dans les années 1950, mais elles ont disparu l’une après l’autre. À leur fermeture, des terrains en bordure de l’eau ont été vendus pour permettre des projets de construction. « Et les gens ont cessé de regarder le fleuve et les cours d’eau parce que c’était considéré comme dangereux », signale Sylvie Bibeau, directrice générale du Comité ZIP Jacques-Cartier.

À l’heure actuelle, l’île de Montréal compte trois plages : deux au Cap-Saint-Jacques et une au Bois-de-l’Île-Bizard.

En revanche, la qualité de l’eau autour de Montréal s’est grandement améliorée au cours des dernières décennies. La construction de l’usine Jean R. Marcotte a permis, à partir de 1996, de traiter les eaux usées de l’ensemble de l’île de Montréal, rappelle Sylvie Bibeau.

Le phénomène des surverses reste cependant présent à Montréal, comme dans de nombreuses villes au Québec, et ces rejets d’eaux usées nuisent périodiquement à la qualité de l’eau. Des cas de raccordements inversés persistent aussi dans le réseau souterrain sur l’île de Montréal. Il s’agit d’une inversion dans la connexion des conduites qui fait en sorte que les eaux usées se retrouvent dans l’égout pluvial pour ensuite être rejetées dans les cours d’eau.

Les secteurs au passé industriel, comme l’est de l’île de Montréal, ont également un lourd héritage. « À partir du port de Montréal, il y a un historique de contamination. Entre 1920 à 1970, les usines pétrochimiques rejetaient [leurs eaux usées] directement dans le fleuve », souligne Mme Bibeau.

Mais selon elle, cet héritage ne doit pas freiner la création de nouveaux lieux de baignade. « La population de Montréal a autant le droit de se baigner que les gens qui demeurent sur le bord d’un lac. Je pense qu’il faut redonner ce fleuve aux citoyens. Plus on pourra en faire, mieux ce sera. Je crois que c’est important d’investir de l’argent là-dedans. »

D’autres projets de plage pourraient se réaliser sur un échéancier plus éloigné. Mme Bibeau mentionne le cas du parc de la promenade Bellerive, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, où un projet de plage a fait l’objet de discussions avec les autorités municipales.

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