IAN BUSSIÈRES, Le Soleil, publié le 18 juin 2018
L’organisme sans but lucratif a précisé davantage son projet dans le film Bassin Louise — Un plan d’eau ludique pour tous de Pierre Fraser, présenté lundi soir en primeur à l’École nationale d’administration publique devant plus de 200 personnes. L’espace inutilisé du bassin Louise, qui fait 7440 m2, soit l’équivalent de six piscines olympiques, serait séparé de la marina par un pont flottant et des aménagements pourraient y être installés à l’image de ce que des villes comme Oslo, Paris et Copenhague ont réalisé depuis quelques années.
«Le projet n’a pas encore été déposé aux autorités, mais les élus et les gens du Port de Québec recevront tous mardi matin un message avec un lien vers le film», a expliqué Michel Beaulieu, biologiste et scénariste du documentaire. La Société des gens de baignade a tenu durant plusieurs années des baignades annuelles au bassin Louise pour réclamer qu’on en redonne l’accès à la population.
Eau de qualité
Dans le film, Pierre Fraser, chargé de cours en sociologie à l’Université Laval, présente entre autres les résultats des analyses d’eau du bassin Louise, où il est démontré qu’elle est propice à la baignade 94 % du temps selon les données de 1988 à 2009 et même 98 % du temps si on tient compte seulement des chiffres de 2009, les derniers disponibles. À titre comparatif, l’eau de la Baie de Beauport, qui a été rouverte à la baignade il y a quelques années, n’y est propice que 74 % du temps.
On y entend même le maire Régis Labeaume affirmer à une autre membre de la Société des gens de baignade, Noémie Beaudet, «qu’il faut une plage à Québec» et que «qu’il trouve ce projet bien bon»! On donne aussi l’exemple du Village Nordik avec sa pêche sur glace qui anime le bassin Louise chaque hiver depuis 2016 en prenant bien soin de rappeler que la pêche y a longtemps interdite avant que naisse cet attrait touristique qui fait maintenant courir les foules durant la saison froide.
Les gens de baignade voudraient maintenant faire la même chose durant l’été, inspirés par plusieurs villes européennes, mais aussi par des villes nord-américaines comme Vancouver, qui a lancé un projet de bain portuaire à Cole Harbour.
«Une ville comme Oslo a investi de l’argent pour créer un bain portuaire alors que Québec a déjà le sien, mais fait tout pour y interdire la baignade!», déplore Louis H. Campagna, pompier de Québec et membre de la Société des gens de baignade. L’organisme prétend que le projet qu’il présente pourrait se réaliser pour quelques centaines de milliers de dollars.
Sauvetage et promesse brisée
Le documentaire rappelle aussi le sauvetage in extremis du bassin Louise grâce à l’intervention d’un citoyen, Jean Bordeleau, dans les années 1970. Alors que les deux tiers du bassin avaient été remblayés, le Port de Québec se préparait à remblayer le reste quand l’intervention de M. Bordeleau auprès du ministre Jean Marchand a permis de faire stopper les travaux.
On y mentionne également la promesse brisée du gouvernement fédéral, qui en 1981 avait promis de rétablir un accès à l’eau pour toute la population dans le bassin Louise en plus d’une marina juste à temps pour les célébrations de Québec 84. En fin de compte, seule la partie marina aura été réalisée, le reste ayant été reporté aux calendes grecques.