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Une coalition écologiste s’oppose au projet du Port de Montréal à Contrecoeur

Thomas Gerbet, Radio-Canada, 14 février 2018

Une coalition écologiste s'oppose au projet du Port de Montréal à Contrecoeur©  

Des groupes environnementaux demandent aux gouvernements fédéral et provincial de respecter leurs propres lois et de rejeter le projet de développement du Port de Montréal sur la Rive-Sud. La coalition réclame l’abandon du site de Contrecœur qui menace la seule espèce de poisson unique au Québec. Une poursuite en justice est envisagée.

 

Les écologistes se sont baptisés « les chevaliers de la Table ronde » et leur Graal serait de sauver le chevalier cuivré, le seul animal vertébré 100 % québécois, classé en voie de disparition. Il ne reste que quelques centaines d’individus, dans la région de Montréal.

La coalition demande à Québec et à Ottawa de s’opposer au projet de 750 millions de dollars qui permettra au Port de Montréal d’étendre ses activités sur la rive sud du fleuve pour y accueillir des navires porte-conteneurs. Un développement qui nécessitera de draguer le fleuve et détruire des herbiers où se nourrit le poisson.

« Tel qu’il est présenté, c’est un projet illégal », clame le directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Alain Branchaud. L’habitat du chevalier cuivré a été désigné comme « essentiel » par le gouvernement fédéral. « Au sens légal, on ne peut pas le détruire. », rappelle-t-il.

Le Port de Montréal veut rassurer

« Nous reconnaissons bien le statut particulier du chevalier cuivré et de certains de ses habitats à Contrecœur, dit la porte-parole du Port de Montréal, Sophie Roux. [On] prend cet enjeu au sérieux et [on] compte mettre en place des mesures pour minimiser les impacts. »

Le Port explique avoir déjà modifié l’emplacement du projet pour réduire les impacts sur l’habitat de ce poisson. Sophie Roux affirme que les herbiers concernés représentent « une petite superficie comparativement aux 3000 hectares d’herbiers existants et répertoriés dans le fleuve pour le chevalier cuivré. »

Pourtant, l’étude d’impact environnemental rendue publique par le Port, au début du mois, fait état d’une « dégradation importante » des herbiers.

Le Port de Montréal promet par ailleurs de réaliser des aménagements pour améliorer l’habitat du poisson ailleurs dans le fleuve. Mais cette idée est impossible selon la loi répondent les groupes écologistes.

« La Loi sur les espèces en péril ne permet pas de faire des compensations, ça ne fait pas partie des options. », explique Alain Branchaud.

Recours judiciaire envisagé

Les groupes écologistes étudient la possibilité de poursuivre en justice les gouvernements si ceux-ci n’agissent pas. « Québec doit s’impliquer lui aussi, car il va y avoir dragage du fond du fleuve ce qui entre dans ses prérogatives », dit le directeur général de Nature Québec, Christian Simard.

Début février, le ministre de Pêches et Océans Canada, Dominic LeBlanc, a indiqué au journal Le Devoir qu’il s’apprête à établir un arrêté pour activer l’interdiction de détruire toute partie de l’habitat essentiel du chevalier cuivré, ce qui aurait dû être fait il y a déjà cinq ans.

Une nécessité économique remise en question

Le Port de Montréal justifie son projet par le fait qu’il arrive bientôt à saturation sur l’île, sans espace supplémentaire pour pouvoir s’étendre. De plus, le trafic de conteneurs va presque doubler d’ici 2030.

Si les groupes environnementaux s’opposent en premier lieu au choix du site de Contrecoeur, certains rejettent clairement le développement en lui-même.

« Les ports semblent se développer sans consultation avec les autres, ils sont en compétition, dit Christian Simard, de Nature Québec. Le port de Québec développe un projet de superport de conteneurs. Est-ce qu’il peut y avoir deux superports de conteneurs au Québec? »

« Rappelons-nous de Mirabel qu’il a fallu démolir, ou du barrage de la Romaine », ajoute le président de la Fondation Rivières, Alain Saladzius.

De son côté, le co-président de la Société pour vaincre la pollution, Daniel Green, propose plutôt d’utiliser les anciens terrains industriels de Montréal-Est, si le développement se révèle nécessaire.

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