POINT DE VUE
Dans Le Soleil du 28 mars 2018, le vice-président du Port de Québec, monsieur Alain Sans Cartier tente d’écorcher le GIRAM au sujet d’un scénario potentiel de 1000 camions lourds qui seraient amenés à emprunter le boulevard Henri-Bourassa, l’autoroute de la Capitale, puis les ponts, pour sortir le demi-million/an de conteneurs transitant par le secteur portuaire de Beauport. Les «études du Port» ramènent plutôt ce chiffre à «77 camions». Impossible et absolument non crédible. Comme le GIRAM l’a déjà affirmé précédemment, il faut se méfier des études de marchés du Port de Québec, les récents échecs des silos à granules, du projet Duc-d’Albe et du transport de vrac liquide étant suffisamment probants à ce chapitre.
Sur cette question centrale de desserte de la zone Beauport, il nous faut citer l’expert Brian Slack qui, avec son collègue Claude Comtois, sont les références les plus utilisées par le gouvernement du Québec en matière de politique maritime. Dans un commentaire adressé à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, monsieur Slack affirmait ceci:
«Il n’y a aucun avantage commercial pour une compagnie maritime d’établir un service à Québec puisque le marché local est trop petit. La grande majorité des conteneurs devraient être transportés dans la région de Montréal et en Ontario. Les liaisons ferroviaires à Québec sont mauvaises et, par conséquent, la plupart des conteneurs seraient transportés par camion vers Montréal et au-delà. L’utilisation inévitable du camionnage pour la plupart des conteneurs manutentionnés au port de Québec représente un enjeu environnemental et sécuritaire important.» Voilà pour l’essentiel, ce que s’évertue à dire le GIRAM depuis deux mois.
Dans une autre étude, les experts Comtois et Slack arrivent à un constat qui fait particulièrement mal paraître les prétentions de l’Administration portuaire de Québec et les fondements mêmes de son nouveau projet Beauport 2020. En matière de port de conteneurs, c’est «l’accès terrestre qui compte davantage que la taille des sites et la profondeur d’eau… Considérant que les coûts du transport océanique sont maîtrisés, c’est la maîtrise des liaisons de marché et de l’intermodalité qui compte». (Comtois, Slack et Sanders. Centre de recherche sur les transports. L’industrie du transport des marchandises à Montréal).
L’historique des grands projets énergétiques abandonnés faute de marchés démontre que, le plus souvent, ce sont les évaluations des groupes écologiques qui se sont avérées comme étant les plus crédibles (Centrale thermique Suroît, Rabaska).
Pierre-Paul Sénéchal, président
GIRAM