Port de Québec: consultation dans la balance

Annie Morin, Le Soleil, 14 décembre 2017

Après avoir promis à plusieurs reprises de recourir au Processus environnemental de participation citoyenne (PEPC) pour consulter la population sur l’affectation des quais à construire dans le secteur de Beauport, le Port de Québec n’est plus aussi affirmatif.

En annonçant mardi qu’il destinait les 17 hectares de son projet Beauport 2020 à un terminal de conteneurs, le président-directeur général de l’Administration portuaire de Québec (APQ) a indiqué qu’il allait «bien sûr» consulter la population. «On va rencontrer les gens, on va parler aux gens, on va continuer à dialoguer avec la population. J’ai dit aujourd’hui : on va inviter les gens, on va expliquer le projet», a insisté Mario Girard dans sa réponse aux journalistes.

Ce dernier n’a toutefois pas largué l’acronyme PEPC, pour Processus environnemental de participation citoyenne, un programme pensé et administré à l’interne pour étudier les effets environnementaux des projets réalisés sur le territoire du Port. Trois niveaux sont prévus selon l’importance des effets potentiels sur l’environnement. Au niveau 3, le plus élevé, le public a 45 jours pour donner ses commentaires par écrit et des consultations publiques sont tenues.

Le Soleil a redemandé au Port deux fois plutôt qu’une si le PEPC allait être suivi. «Des discussions sont prévues avec l’Agence canadienne d’évaluation environnementale», a répondu laconiquement la porte-parole Marie-Andrée Blanchet.

L’ACEE a consulté la population en février avec le premier scénario «hypothétique, plausible et conservateur» soumis par l’APQ, soit un tiers de vrac liquide, un tiers de vrac solide et un tiers de marchandises générales en conteneurs. Plusieurs citoyens ont exigé des précisions, se demandant comment les effets environnementaux pouvaient être évalués sans connaître le véritable usage des futurs quais.

Confrontée à la réaction du Port de Montréal, qui s’étonnait d’apprendre dans les médias qu’un terminal de conteneurs était destiné à l’agrandissement du port de Québec dans le secteur de Beauport, Mme Blanchet a également réaffirmé que «les ports de Montréal et Québec se parlent et nous entendons poursuivre le dialogue avec eux».

Le maire Régis Labeaume a été plus direct jeudi : «Ils ne savaient pas quelle date, mais ils le savaient. C’est la réaction qu’on attendait. On n’est pas surpris.»

L’élu municipal avait une réponse toute prête pour les gestionnaires de Montréal. «C’est pas parce que t’en fais depuis 40 ans que tu vas en faire encore pendant 40 ans. T’en ferais pendant 200 ans que ça changerait rien parce que le business a changé dans le monde», a-t-il d’abord lancé, en référence à la taille exponentielle des navires. «Pour ce qui est des questions qu’ils posent, on a les réponses ici. La question qu’ils ne posent pas, c’est : on drague ou on drague pas? On a de l’eau pour prendre des gros bateaux, ils n’en ont pas», a-t-il ajouté, se défendant de vouloir partir une guerre Québec-Montréal, mais plutôt «ramener les affaires».

Le maire a également appelé les observateurs au calme. «Sur la vue, ce qui est prévu, c’est de végétaliser tout le tour de cet espèce de parking de conteneurs, planter des arbres matures, le plus haut possible. On n’est pas fous à temps plein. […] Ça va même être plus beau que c’est actuellement. En plus de ça, il y a toutes sortes de technologies [de projection lumineuse]. Ça peut être très extraordinaire ce qu’on peut faire avec cinq conteneurs de haut», a-t-il précisé.

Et sa conclusion : «On se lève pas le matin en se disant comment on peut rendre la vue plus laide à Québec.»

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