Annie Morin, Le Soleil, 15 novembre 2017
À Québec depuis le 1er novembre officiellement, Total Métal Récupération (TMR) entreposera et transbordera des résidus de métaux au terminal géré par Arrimage Québec dans le secteur Beauport. Ce terminal donne sur le quai 53, le plus à l’est du port, qui voisine les espaces récréatifs de la Baie de Beauport.
L’espace utilisé variera en fonction des activités de l’entreprise. «Un peu comme les trafics de fer ou de charbon, les piles peuvent être déplacées selon les besoins, selon les éléments logistiques de la journée», souligne Marie-Andrée Blanchet, porte-parole de l’Administration portuaire de Québec (APQ).
Les mesures de mitigation mises en place depuis l’épisode de poussière rouge d’octobre 2012 s’appliqueront, a confirmé Arrimage Québec et le Port. Tout transbordement doit ainsi être réalisé sous de bonnes conditions météorologiques et des canons à eau sont utilisés pour rabattre la poussière au sol.
Entreprise de recyclage
TMR est une entreprise québécoise de recyclage qui traite des métaux de toutes sortes, des automobiles aux électroménagers en passant par des rebuts industriels. Elle exploite depuis le printemps une usine ultramoderne à Laval, construite au coût de 70 millions $ et financée par des entrepreneurs connus comme Gérard Geoffrion anciennement de Van Houtte, Jacques Lamarre, ex de Lavalin, ainsi que Guy Laliberté et Daniel Gauthier, fondateurs du Cirque du Soleil. Le gouvernement du Québec a donné 620 000 $ du Fonds vert pour l’achat de grues électriques.
Il a été impossible mercredi de parler au président et chef de la direction de TMR, Jean-Guy Hamelin, afin d’obtenir confirmation que c’est bien le matériel en provenance de Laval qui sera expédié outre-mer à partir de Québec.
C’est ce que fait déjà le géant American Iron & Metal (AIM). Du port de Québec, AIM exporte du métal vers des fonderies d’Europe et d’Asie principalement. L’entreprise gère également un centre de recyclage — «cour à scrap» et broyeur — à proximité. Ses installations donnent sur le boulevard Montmorency, en face de l’incinérateur municipal.
Guerre commerciale
Au cours des dernières années, plusieurs plaintes émanant de citoyens de Limoilou ont été enregistrées à la Ville de Québec concernant le camionnage, la poussière et le bruit causés par les activités d’AIM. L’entreprise a mis en place des mesures de mitigation, incluant le recours à des canons à eau, l’utilisation de détecteurs de radioactivité et la récupération des eaux de surface souillées, indique son directeur de l’environnement, Mathieu Germain, en entrevue téléphonique au Soleil. Celui-ci espère que le concurrent sera soumis aux mêmes règles.
Il faut dire que les deux entités se livrent une guerre commerciale sans merci. Jean-Guy Hamelin a déjà été propriétaire de la Société nationale des ferrailles (SNF), qu’il a vendue à AIM pour mieux repartir en affaires par la suite. Avec sa nouvelle usine à Laval, il est accusé de faire monter les prix de la matière première, car il n’y a pas suffisamment de métal pour tout le monde dans l’industrie. Les marges de profit sont affectées.
La conseillère municipale de Limoilou et présidente du Comité de vigilance des activités portuaires a été informée par Le Soleil de l’arrivée d’un nouveau ferrailleur au port de Québec. Suzanne Verreault a aussitôt posé des questions aux autorités, car elle craint de voir augmenter le nombre de camions en circulation dans le secteur.
L’élue veut savoir combien de tonnes de métaux pourraient être transbordées et comment sera géré l’entreposage. «C’est une matière qui ne doit pas rester sèche longtemps, sinon ça fait de la poussière», fait-elle remarquer.
Sans connaître le nouveau venu, Mme Verreault espère qu’il collaborera au même titre qu’AIM, dont elle salue les efforts pour diminuer les nuisances pour le voisinage.