Annie Morin, Le Soleil, 13 décembre 2017
Le Port de Montréal réfute tout déclin de ses activités de manutention de conteneurs et défend sa position de leader en la matière sur le Saint-Laurent, après que le Port de Québec eut fait part de son intention d’investir ce secteur d’activité maritime.
La vice-présidente aux affaires publiques du Port de Montréal, Sophie Roux, n’a pas caché sa surprise d’apprendre qu’un terminal de conteneurs était destiné à l’agrandissement du port de Québec dans le secteur de Beauport. «On l’apprend en même temps que tout le monde», a-t-elle indiqué au Soleil lors d’une entrevue téléphonique, quelques heures après l’annonce.
Celle-ci a laissé poindre son scepticisme par rapport à l’argumentaire développé par le président-directeur général de l’Administration portuaire de Québec (APQ), Mario Girard, et le maire de Québec, Régis Labeaume.
Ils affirment que les ports du Saint-Laurent sont en perte de vitesse et Montréal mal positionnée pour accueillir les nouveaux navires de fort gabarit. Ceux-ci ont besoin de 15 mètres de profondeur d’eau pour transporter jusqu’à 10 000 conteneurs. Montréal compte sur une profondeur d’eau de 11,3 mètres et accueille des bateaux de 6000 conteneurs maximum.
«La relance du Saint-Laurent, ce n’est pas quelque chose qu’on sent. On est un port en pleine croissance, ce n’est pas quelque chose qui nous touche. Ça fait 50 ans qu’on fait la manutention des conteneurs à Montréal et les lignes maritimes nous choisissent pour des atouts qu’on a, la proximité des marchés, la chaîne intermodale. On travaille étroitement avec tous les ports du Saint-Laurent, toutes les autorités portuaires du Canada, ce n’est pas comme si on a un dialogue à amorcer», a répliqué Mme Roux.
La porte-parole du Port de Montréal a relativisé l’espace éventuellement disponible à Beauport. Les 17 hectares planifiés équivalent au tiers du terminal Viau récemment agrandi. Il y en a trois autres à Montréal et un cinquième au stade de projet à Contrecoeur.
En 2015 et 2016, Montréal a transbordé 1,4 million de conteneurs. Antérieurement, la croissance était d’environ 4 à 5 % par année. Mme Roux annonce une «année record» en 2017.
Cette dernière invite le pdg du Port de Québec à venir expliquer son projet dans la métropole. Elle a déjà plusieurs questions sur le plan d’affaires : «C’est quoi l’écosystème logistique qui va accompagner ça? On parle de quels cargos? Quelle est la clientèle desservie? Qui sont les partenaires financiers là-dedans? Quelle va être la capacité?»
Mardi, Mario Girard a «tendu la main» à Montréal pour repenser l’accueil des navires et la répartition des conteneurs, mais n’a pas dit clairement s’il avait entamé des négociations. Mercredi, sa porte-parole, Marie-Andrée Blanchet, a répété que «les ports de Montréal et Québec se parlent et nous entendons poursuivre le dialogue avec eux».