Un port de Québec digne du 21e siècle

Publié le 12 février 2017

Le port de Québec... (Photothèque Le Soleil)
POINT DE VUE
Le Soleil

Les rapides consultations publiques de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale sur le projet d’agrandissement du port de Québec, Beauport 2020, qui ont eu lieu les 1er et 2 février dernier, ont mis en relief deux visions aux antipodes de l’avenir de la Baie de Beauport, du port et de tout le littoral.

La vision du Port de Québec est déjà connue : une fuite vers l’avant pour agrandir ses installations. L’autre vision, porteuse d’avenir, vient des groupes citoyens qui veulent redonner le fleuve à la population et régler une fois pour toutes les problèmes de sécurité et de pollution.

En 2017, l’agrandissement du port de Québec représente une aberration complète. Pour Québec solidaire, il est inconcevable d’agrandir un port pétrolier et polluant situé au centre-ville de notre capitale nationale. L’alternative est claire : miser sur des activités portuaires récréotouristiques, améliorer l’accès au fleuve pour la population, protéger le paysage et déménager progressivement les activités de transit industrielles vers des lieux plus appropriés. Au lieu du projet « Beauport 2020 », défendu par l’élite politique municipale, provinciale et fédérale, la population invite à un développement plus respectueux de ses droits.

La mauvaise réputation du Port n’est plus à démontrer. Depuis plus de 40 ans, le Port émet consciemment des poussières toxiques sur la population du centre-ville et dans le fleuve. Le Plan Nord des libéraux a empiré le transit de métaux lourds cancérigènes a augmenté dans les 10 dernières années. Qui n’a pas entendu parler des épisodes répétés de poussière rouge dans le quartier Limoilou à Québec?

Il aura fallu une mobilisation avec une expertise scientifique citoyenne pour forcer les institutions à bouger. Un grand nombre de villes dans le monde ont pourtant forcé leur port à faire le transbordement de vrac minier sous couvert, ce que le Port de Québec refuse de faire.

Ses dirigeants ont reconnu publiquement qu’ils ont mal entretenu leurs infrastructures. L’agrandissement serait vital pour financer l’entretien qu’ils n’ont pas fait. La population aura à vivre avec les conséquences : augmentation du trafic de vrac solide, mais aussi de matières dangereuses comme du pétrole et des produits chimiques.

Les autorités du Port veulent profiter des infrastructures déjà présentes, et particulièrement des voies ferroviaires. Le réseau de chemin de fer est pourtant déjà surchargé de trains pétroliers à Québec. Ces bombes sur rails, qui ont fait des ravages au Lac-Mégantic, roulent à travers la ville, à proximité de plusieurs écoles et au coeur de quartiers résidentiels.

Les élus, au lieu de tendre l’oreille aux préoccupations des gens qui subissent déjà les conséquences, se sont rangés avec enthousiasme du côté du Port. Le maire Labeaume a affirmé qu’il «s’opposera à tous ceux qui s’opposent». Le député libéral des quartiers environnants le port, André Drolet, assure que celui-ci adopte les «meilleures pratiques». Rappelons-lui que le gouvernement du Québec est pris dans un débat juridique, puisque le Port refuse d’appliquer les lois québécoises. À Ottawa, le ministre des Transports, Marc Garneau, a déclaré qu’il «voit ça de façon très, très positive, l’agrandissement du port de Québec». Du côté de la population, deux recours collectifs sont en cours contre le Port.

Au lieu de cet appui sans réserve aux lobbys portuaires, pétroliers et miniers, il est temps que les élus écoutent la population et obligent le Port à faire le transbordement minier sous couvert et à développer ses installations portuaires industrielles à l’extérieur du centre-ville. Il est temps de faire le choix d’activités portuaires dignes du 21e siècle, appuyer le développement récréotouristique au centre-ville, améliorer l’accès au fleuve pour la population et déménager progressivement les activités de transit industrielles vers des lieux plus appropriés. Il en va de la sécurité, de la santé et de la qualité de vie de la population.

Sébastien Bouchard, co-porte-parole de Québec solidaire (Jean-Lesage)

Manon Massé, députée de Sainte-Marie-St-Jacques et co-porte-parole de Québec solidaire

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