Perte de 3 M$ pour le Port de Sept-Îles

Fanny Lévesque, Le Soleil, publié le 19 mai 2016

(Sept-Îles) La faiblesse du prix du fer a fait fondre de plus de 40 % le chiffre d’affaires du Port de Sept-Îles, qui a enregistré, pour la première fois de son histoire, une perte de 3 millions $ en 2015.

«L’année a été fort exigeante, imprévisible», a affirmé le président-directeur général, Pierre D. Gagnon, en marge de l’assemblée générale annuelle, jeudi. L’arrêt complet des opérations de la minière Cliffs Natural Resources n’est pas étranger à la diminution «majeure» du chiffre d’affaires qui a glissé de 13 à 7,4 millions $.

Le volume des activités a inévitablement fléchi aussi pour atteindre 22,7 millions de tonnes, une baisse de 4,6 % par rapport à 2014. Les records de production enregistrés chez Rio Tinto IOC et l’arrivée du nouveau joueur Tata Steel Minerals Canada, qui a expédié 2,3 millions de tonnes, ont néanmoins adouci la descente.

«Plus que jamais dans le contexte – qui prévaut toujours -, on a dû agir avec une grande prudence. Cette rigueur, elle devra être maintenue jusqu’à une éventuelle relance», a poursuivi M. Gagnon, rappelant que le prix de la tonne de fer a dégringolé de 130 $ à quelque 40 $ depuis 2014.

Le Port a également eu à «défendre [ses] intérêts» sur plusieurs fronts, engendrant un demi-million de dollars en frais juridiques en 2015. Toute l’affaire pour donner accès au chemin de fer Arnaud, propriété à l’époque de Cliffs, le seul qui se rend au nouveau quai multiusager de Pointe-Noire, a effet coûté cher, indique le pdg.

Tout comme la protection des droits l’administration portuaire dans la liquidation légale de Cliffs Natural Resources, un processus qui a cours depuis janvier 2015 et qui n’est toujours pas terminé. «Il y a eu des honoraires importants parce que ç’a été prolongé à maintes reprises et encore jusqu’en septembre 2016», souligne M. Gagnon.

Acquisitions

Le Port de Sept-Îles a néanmoins pu en profiter pour mettre la main sur de vastes terrains appartenant à la minière américaine pour 1,25 million $, «un terrain-jeu» pour les 30, 40 prochaines années, indique-t-il. Québec a pour sa part acheté les installations de Cliffs, toujours sur la Pointe-Noire, pour 66,75 millions $.

En comptant maintenant sur des infrastructures publiques, «on peut dire que la voie est ouverte et totalement affranchie», assure M. Gagnon, notamment pour accéder au quai multiusager, dans lequel cinq minières ont payé la moitié de la facture en allongeant 110 millions $. Mais ce n’est pas l’opinion de tous les partenaires.

La semaine dernière, New Millennium Iron contestait publiquement un avis envoyé par le Port, expliquant que le quai était opérationnel et que l’entente pour son utilisation était désormais en vigueur. «Si le prix du fer était à 100 $ la tonne, il y aurait déjà plusieurs bateaux en avant du quai», explique le vice-président, Pierre Côté.

Mais la plupart des partenaires du quai n’en sont pas à opérer en ces temps difficiles. «Il va falloir négocier pour maintenir les installations à jour et partager les coûts de ça, ce sont des négociations normales et de bonne guerre», ajoute-t-il. Le Port assure d’ailleurs être en «étroite collaboration» avec ces futurs usagers.

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