Annie Morin, Le Soleil, publié le 09 octobre 2015
(Québec) Le gouvernement du Québec est insatisfait du plan de consultation soumis par l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE) pour le projet d’agrandissement du Port de Québec et l’a fait savoir au fédéral.
Le Parti québécois a tenté jeudi de déposer une motion sans préavis pour que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) reprenne le contrôle de l’évaluation environnementale du projet prévoyant la prolongation de la ligne de quais et le remplissage des berges dans le secteur de Beauport. Le gouvernement libéral n’a pas consenti, affirmant être «en négociation».
Le Soleil a appris plus tard de quoi il en retournait de la bouche de l’attaché de presse du ministre David Heurtel. Informé la semaine dernière du plan de consultation préparé par l’ACEE, «le MDDELCC [ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques] l’a analysé et a communiqué par écrit à l’agence son insatisfaction à l’égard de différents éléments dont le mode de consultation proposé», a fait savoir Guillaume Bérubé.
«Il nous apparaît primordial que les citoyens puissent non seulement être informés adéquatement, mais aussi s’exprimer et présenter publiquement leurs points de vue sur le projet. Le gouvernement s’assurera que les préoccupations de la population du Québec soient entendues et obtiennent des réponses satisfaisantes, notamment sur la qualité de l’air, les écosystèmes marins et le traitement des matières dangereuses», a-t-il ajouté. Il a toutefois refusé de dire si le Québec réclamait une commission d’examen en bonne et due forme.
Jeudi, Le Soleil écrivait qu’il n’y aura pas de commission d’examen pour étudier le projet d’agrandissement du Port de Québec. C’est la procédure habituelle, plus courte et menée par des fonctionnaires plutôt que des experts indépendants, qui s’appliquera. Il n’y a pas d’obligation de tenir des audiences publiques, mais une consultation publique. La possibilité d’une commission commune ACEE-BAPE est aussi écartée. Le gouvernement du Québec doit participer au groupe de travail technique au même titre que les ministères fédéraux impliqués.
«Depuis longtemps décidé»
Véronique Lalande, porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec, n’était pas du tout surprise. Elle a raconté au Soleil que la fonctionnaire fédérale mandatée pour répondre aux questions du public avait échappé il y a déjà plusieurs semaines qu’il n’y aurait «pas de commission d’examen», que tout cela était «déjà négocié».
«C’était depuis longtemps décidé et pipé. Ça vient juste briser encore plus la confiance du public», a soupiré Mme Lalande, qui continue de croire que l’intérêt public et les effets environnementaux potentiels justifiaient une commission d’examen.
Le directeur général de Nature Québec, lui, n’en revient pas de la position adoptée par le gouvernement du Québec dans le dossier. «Il ne peut pas faire un gentlemen’s agreementqui va à l’encontre de sa propre loi», a-t-il lancé, après avoir rappelé que «le Québec est devant la cour pour faire valoir son droit d’évaluer des projets du Port de Québec», en l’occurrence la construction de réservoirs par IMTT-Québec. «On ne peut pas aller en cour pour défendre un droit et l’abandonner dans un autre projet d’expansion», a insisté M. Simard.