Annie Morin, Le Soleil, publié le 11 juin 2015
(Québec) Ce devait être le lieu pour faire circuler l’information et «défendre la population». Après deux ans d’existence, le Comité de vigilance des activités portuaires n’a pas fait beaucoup de vagues.
Le comité tient jeudi soir sa rencontre annuelle d’information publique. L’an dernier, à pareille date, c’était l’occasion de dire que la cueillette d’informations auprès de l’Administration portuaire de Québec (APQ) était laborieuse et que le mandat était difficile à remplir.
Au moment de sa formation, au printemps 2013, le gouvernement provincial et la Ville de Québec souhaitaient que le comité consultatif s’emploie à «vérifier si l’exploitation s’effectue en conformité avec les normes applicables et dans le respect des exigences environnementales et des meilleures pratiques en ce domaine». Il devait aussi faire des recommandations pour assurer une meilleure intégration et atténuer les impacts négatifs des activités du Port de Québec.
«L’idée là-dedans, c’est pas ben compliqué, c’est que tous les entrepreneurs industriels du secteur respectent intégralement les lois de l’environnement. […] C’est pas d’émissions, rien», avait prévenu Régis Labeaume, maire de Québec, qui voulait alors «défendre la population».
Il a fallu à peine quelques mois pour que la présidente du comité, la conseillère municipale Suzanne Verreault, déplore le manque de collaboration du Port. Son représentant a invoqué plusieurs fois les causes devant les tribunaux (bataille de compétences avec le ministère de l’Environnement et recours collectif pour la pollution atmosphérique) pour refuser l’accès à diverses données qui lui étaient demandées.
C’est encore le cas aujourd’hui, a confirmé Mme Verreault au Soleil mercredi, sans vouloir s’étendre sur le bilan qu’elle réserve en primeur aux citoyens.
Accès aux données
Véronique Lalande, porte-parole du groupe citoyen Vigilance Port de Québec et membre du Comité de vigilance des activités portuaires, est moins précautionneuse. «Pour faire un travail de vigie, il faut avoir accès à des données. Dans les faits, actuellement, on ne vigile pas grand-chose», lance-t-elle sans détour.
Mme Lalande ne comprend pas que le Port refuse l’accès à des informations car les recours juridiques, «ça faisait partie du contexte de la création du comité». Elle-même affirme avoir «tout déposé, tout donné».
Avec le recul, la citoyenne voit ses doutes initiaux se confirmer. «Croire qu’un comité avec un pouvoir de recommandation allait réussir où des organisations établies ont échoué, peut-être que c’était un peu ambitieux», fait-elle remarquer. Rien pour la faire démissionner, par contre. «Moi, je vais être la dernière à partir et je vais fermer les lumières», dit-elle.
Alain Samson, président du conseil de quartier Vieux-Québec-Cap-Blanc-Colline parlementaire et membre du comité depuis le début, plaide pour sa part qu’il faut faire preuve de patience. «Si on s’embarque avec des objectifs à court terme, on fait fausse route. […] C’est un travail de longue haleine de s’apprivoiser, de se faire confiance», fait-il valoir.
Du côté du Port, le directeur de la responsabilité citoyenne, Anick Métivier, délégué aux rencontres, a fait savoir au Soleil que «l’APQ n’a rien d’autre à mentionner si ce n’est que nous collaborons avec le Comité de vigilance des activités portuaires du Port de Québec depuis sa création et que nous prenons part activement à chacune des rencontres au même titre que les autres membres».
Quant au site Internet qui permettrait aux citoyens d’être informés des discussions en cours, Mme Verreault précise que le mandat a été donné en décembre. Les informations pertinentes ont été rassemblées, dit-elle, la préparation technique est prête. La mise en ligne suivra après une présentation en bonne et due forme au comité.