Annie Morin, Le Soleil, publié le 26 mai 2015
(Québec) Deux projets d’agrandissement, deux mesures. Tandis que le Port de Québec peut évaluer seul les effets sur l’environnement d’un ajout de quais à la baie de Beauport et même l’aménagement d’un réseau de pipelines sous-fluviaux, le port de Trois-Rivières doit soumettre ses plans d’expansion pourtant plus modestes à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE).
L’agence fédérale a publié vendredi un communiqué de presse où elle informe le public qu’elle entame l’évaluation environnementale du projet d’agrandissement des installations portuaires de Trois-Rivières. Une décision qu’elle dit basée sur la description du projet présenté en mars, la possibilité que sa réalisation entraîne des effets environnementaux négatifs, notamment sur les poissons et les oiseaux, et les observations reçues pendant une première période de consultation.
L’agrandissement planifié par l’Administration portuaire de Trois-Rivières (APTR) inclut l’ajout de trois quais sur une distance de presque 700 mètres, l’ajout d’aires de transbordement et d’entreposage de courte durée et la construction d’un chemin d’accès.
Le projet est «désigné» selon les termes de la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale, ce qui l’astreint à un examen préalable des effets environnementaux supervisé par l’ACEE et à la version longue du processus de consultation publique.
Gaétan Boivin, président-directeur général de l’APTR, a précisé lundi au Soleil qu’il s’agit d’une planification «à long terme». Au mieux, un des trois quais pourrait être construit à partir de «2018 ou 2019», à condition de trouver un promoteur pour l’investissement de quelques dizaines de millions de dollars. Dans l’intervalle, il faudrait idéalement acquérir des terrains de la voisine, la papetière Krüger, pour accrocher les quais à la rive.
Si l’évaluation environnementale s’enclenche dès maintenant à Trois-Rivières, c’est que le processus prend du temps, «au moins un an». M. Boivin croit aussi qu’il permettra de mieux cerner les défis environnementaux auxquels l’administration portuaire devra faire face.
Le dirigeant était le premier surpris, lundi, d’apprendre de la bouche du Soleil que le Port de Québec n’était pas soumis aux mêmes règles, mais il ne s’en est pas offusqué.
Nous avons révélé en octobre que l’ACEE laisse à l’Administration portuaire de Québec (APQ) le soin de réaliser, selon ses propres critères, les études environnementales portant sur son projet d’agrandissement. En vertu de la réglementation fédérale invoquée, il ne s’agit pas d’un «projet désigné» car il est «situé sur des terres qui sont utilisées de façon courante comme terminal maritime et qui l’ont été par le passé ou que destine à une telle utilisation un plan d’utilisation des terres ayant fait l’objet de consultations publiques». C’est l’exception dont ne jouit pas Trois-Rivières.
L’agrandissement à Québec incluait initialement l’ajout de deux quais vers l’est grâce à du remplissage sur environ 600 mètres, le remodelage de la baie de Beauport avec les résidus ainsi que l’aménagement d’un quai en eau profonde de type duc-d’albe permettant le transbordement de vrac liquide.
La demande de subvention en analyse au gouvernement fédéral fait désormais abstraction des pipelines sous-fluviaux, repoussés dans une seconde phase de développement. La valeur du premier chantier est évaluée à 200 millions $, sans compter les investissements privés.
Les travaux le plus tôt possible
Mario Girard, président-directeur général de l’APQ, souhaite lancer les travaux le plus tôt possible car les navires refoulent aux quais pendant les périodes de pointe.
Le processus interne d’évaluation environnementale est déjà lancé. Une vingtaine d’études ont été commandées. Le Port a également fait part de son intention de confier la rédaction de l’examen préalable à des consultants. La responsabilité des audiences publiques échouera à des commissaires indépendants.
M. Girard a parlé d’«une première dans l’histoire des administrations portuaires canadiennes».
Pour Trois-Rivières, l’ACEE «invite le public à présenter des commentaires jusqu’au 21 juin 2015 sur les lignes directrices proposées pour la préparation par le promoteur de l’étude d’impact environnemental. Les lignes directrices visent à préciser ce qui devrait être examiné au cours de l’évaluation environnementale», a précisé lundi soir Christian Vezeau, porte-parole.