M. Guimond devait rentrer au travail ce matin, à l’hôtel de ville de Québec, après un voyage d’une semaine dans le Sud. Il occupait depuis juin la fonction de chef de cabinet pour Démocratie Québec, qui oppose trois élus à l’équipe fortement majoritaire de Régis Labeaume.
Ses collègues se sont inquiétés de son retard, lui qui était toujours là de bon matin habituellement. Un appel à sa résidence de Boischatel leur a permis d’apprendre la triste nouvelle de la bouche de sa conjointe, évidemment atterrée.
Le chef de l’opposition Paul Shoiry a précisé que des manoeuvres de réanimation ont été tentées par la famille de M. Guimond et les ambulanciers, sans succès.
Le conseiller municipal a déploré la perte subite d’un collaborateur dont il a vanté la fougue, l’amour de la politique et le carnet de contacts comprenant des noms de tous les partis. «C’est un gars qui en mangeait, de la politique», a-t-il résumé.
La nouvelle n’a pas mis de temps à se répandre dans les milieux politiques. Élu une première fois au fédéral en 1993, M. Guimond a été actif pendant près de 20 ans au Parlement, à Ottawa. Il a été whip de sa formation politique pendant sept ans, sous Gilles Duceppe.
Il a été défait lors de la vague orange, en 2011, par le néo-démocrate Jonathan Tremblay. Il avait fait campagne alors qu’il se relevait d’une intervention chirurgicale pour lui retirer une tumeur cancéreuse au colon.
Bon joueur, le bloquiste s’était fait remarquer en rencontrant son successeur pour lui transférer les dossiers régionaux et répondre à ses questions.
Hommage des péquistes
Avocat de formation, Michel Guimond a tenté un retour en politique provinciale en 2014. Il s’est présenté pour le Parti québécois de Pauline Marois, en 2014. Il a terminé troisième.
Aujourd’hui, les péquistes lui ont rendu hommage. «Tout au long de sa carrière politique, ce passionné a défendu avec conviction la place des régions du Québec et l’importance d’être près de son monde», a déclaré le chef de l’opposition officielle, Stéphane Bédard. Agnès Maltais, députée de Taschereau, a déploré la perte d’un «ambassadeur pour la région de Québec».
C’est Michel Guimond lui-même qui s’est porté volontaire pour le poste de chef de cabinet de Démocratie Québec, a révélé aujourd’hui Paul Shoiry. Il a réorganisé l’équipe et travaillé à son unité, selon les trois élus réunis en fin d’avant-midi pour un point de presse où la tristesse était évidente. «Pour lui, c’était très très important qu’on soit unis, de nous souder ensemble, qu’on forme une équipe», a témoigné Anne Guérette.
M. Guimond était également chargé de cours à l’Université Laval, où il a remis à l’horaire le cours de Politique urbaine.
L’opposition demandera au conseil municipal de Québec de respecter une minute de silence à la mémoire de Michel Guimond, ce soir. Dans un communiqué de presse diffusé ce midi, le maire Régis Labeaume a déjà offert ses condoléances et parlé d’«une énorme perte pour le monde politique».