Annie Morin, Le Soleil, publié le 08 janvier 2015
(Québec) La population sera consultée sur le projet d’agrandissement du Port de Québec et sur le réaménagement du bassin Louise en 2015. La nouvelle procédure d’évaluation environnementale fera aussi plus de place au public, a assuré jeudi le président-directeur général de l’Administration portuaire de Québec (APQ), Mario Girard.
L’an dernier à pareille date, Le Soleil titrait: 2014 sera l’année de la consultation. En conférence de presse, M. Girard avait en effet promis de demander des avis sur l’intégration visuelle des silos de granules de bois à l’anse au Foulon et la future promenade portuaire du Foulon, ce qui a été fait.
Le plan d’utilisation des sols, la vision du bassin Louise et le plan d’expansion des quais et de la plage de la baie de Beauport devaient aussi être soumis à l’oeil et aux commentaires du public.
Le Soleil révélait cette semaine que le plan d’utilisation des sols ne sera pas révisé en entier et fera donc l’objet de consultations à la pièce en fonction des modifications dictées par le développement du site fédéral.
Quant aux deux immenses projets que constituent le bassin Louise et l’agrandissement du secteur Beauport – des investissements estimés à trois quarts de milliards de dollars -, M. Girard se dit maintenant persuadé de les présenter à la population au cours des prochains mois.
Les plans du pourtour du bassin sont attendus depuis plusieurs années déjà. Le pdg a indiqué aux journalistes, jeudi, que le travail a beaucoup progressé en 2014, mais des «défis techniques» qu’il n’a pas voulu détailler ont encore reporté l’échéancier.
Interrogé à savoir si le projet de déménagement du Marché du Vieux-Port, attribué à l’administration Labeaume, mais toujours pas confirmé, était à blâmer, Mario Girard a répondu: «Ce n’est pas moi qui le dis. J’imagine que vous êtes capables de faire des déductions un peu. Ça peut effectivement être un des éléments.»
Projet de la communauté
Le pdg a répété qu’il présenterait une «vision» pour ce dernier coin du Vieux-Port qui reste à développer. «Ça va pas être le projet Mario Girard ou le projet Port de Québec. Ça va être le projet de la communauté. Si on veut qu’il y ait un hôtel dans le bassin Louise, on en fera un si c’est pertinent d’en faire un. Si on n’en veut pas, on n’en fera pas», a-t-il fait valoir, répétant qu’il était à la recherche d’une «signature» pour la ville de Québec.
Le projet d’agrandissement, qui suppose le prolongement des quais et le remodelage de la plage de la baie de Beauport, est aussi à la veille d’être dévoilé. L’APQ attend le OK du gouvernement fédéral, qui pourrait piger de 25 à 33 % des 500 millions $ nécessaires dans le programme Chantiers Canada, avant de consulter le public.
Le gouvernement du Québec a aussi été sollicité pour des améliorations au terminal de croisières et l’ajout d’un autre bâtiment d’accueil. M. Girard ne craint pas les effets de la rigueur budgétaire. Selon lui, «un projet qui rapporte des sous, c’est un bon projet». Il ne s’attend toutefois pas à recevoir un chèque en 2015.
Le Port a profité de sa première conférence de presse de l’année pour lever une partie du voile sur son nouveau processus d’évaluation des effets environnementaux, à être dévoilé lui aussi dans les prochaines semaines. Trois obligations sont déjà édictées pour les promoteurs de projets en territoire fédéral: recourir à une firme indépendante pour produire les études des effets environnementaux, «informer et impliquer les citoyens selon différentes formes», prendre en compte les commentaires des citoyens.
Mario Girard a refusé d’embarquer dans une comparaison avec les normes provinciales du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). «On va faire quelque chose qui est définitivement très responsable, très développement durable, et nous en sommes vraiment très fiers», a-t-il déclaré. Il faut attendre le texte complet pour savoir quels projets seront soumis à quelles exigences. Le grand patron a néanmoins indiqué qu’il y aurait une gradation entre «le remplacement de 10 pieds de clôture» et un agrandissement avec empiétement dans le fleuve.