Possibles rejets de nickel au port de Québec: un navire inspecté

Annie Morin, Le Soleil, publié le 30 août 2014

Le navire Umiak I fait la navette entre... (Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve)Le navire Umiak I fait la navette entre la mine de nickel de Voisey’s Bay, au Labrador, et le port de Québec. En juin, Environnement Canada s’est rendu à deux reprises à Québec pour effectuer des «inspections ciblées» sur ce navire. [Photo: Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve]

(Québec) Environnement Canada met son nez dans le dossier de la pollution émanant du port de Québec. Le ministère fédéral a «des motifs raisonnables de croire qu’il pourrait y avoir un possible rejet de minerai de nickel dans le fleuve Saint-Laurent».

Des inspecteurs d’Environnement Canada se sont rendus à deux reprises dans le secteur Beauport du port de Québec, les 13 et 16 juin, pour prendre des échantillons de nickel dans la cale du navire Umiak I. Celui-ci fait la navette entre la mine de nickel de Voisey’s Bay, au Labrador, et le port de Québec, où le minerai est déchargé et renvoyé par train vers l’Ontario pour être transformé.

C’est Arrimage Québec qui s’occupe du transbordement. Les opérations se font à découvert, mais sous la pluie des canons à eau qui rabattent la poussière au sol.

Alors qu’elle s’évertuait à faire la preuve qu’elle n’était pas la source du nickel présent dans l’air de Limoilou, en avril 2013, Arrimage Québec avait montré comment deux grappins sortent le nickel humide des cales de l’Umiak I, puis le versent dans de gros entonnoirs munis de jupettes pour éviter la dispersion de la poussière. La marchandise tombe dans des camions qui filent vers un entrepôt situé à proximité. C’est de là que le concentré de nickel est chargé dans des wagons recouverts.

 Environnement Canada a confirmé les visites de juin au Soleil, qualifiées d’«inspections ciblées», et évoqué «des motifs raisonnables de croire qu’il pourrait y avoir un possible rejet de minerai de nickel dans le fleuve Saint-Laurent». Le Ministère, qui répond aux questions des journalistes par courriel comme le veut la désolante habitude fédérale, n’a pas voulu préciser si des échantillons d’eau avaient aussi été pris et quelles étaient les concentrations de nickel observées.

«Environnement Canada évalue présentement la situation», avons-nous eu pour toute réponse à nos questions sur de possibles conclusions et correctifs.

Substance toxique

Le nickel fait partie de la liste des substances toxiques annexées à la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, car il peut avoir, «immédiatement ou à long terme, un effet nocif sur l’environnement ou sur la diversité biologique». Ce sont surtout les algues et les truites qui sont affectées quand les concentrations sont élevées, nous apprend un rapport d’évaluation fédéral sur le nickel et ses composés.

Pour l’humain, l’eau est la deuxième voie d’absorption de nickel après la nourriture et avant l’air ambiant. Si le nickel est considéré comme cancérigène après une exposition à long terme à des particules dans l’air ambiant, on peut lire que «les données épidémiologiques dont on dispose sur la relation potentielle entre l’ingestion de nickel et le cancer ne sont pas concluantes et ne peuvent contribuer à l’évaluation des indications de cancérogénicité».

Le nickel ne fait pas partie des éléments contrôlés par le règlement sur l’eau potable découlant de la Loi québécoise sur l’environnement, «car ce composé est peu présent dans les sources d’eau servant à l’alimentation en eau potable au Québec», indique la porte-parole du ministère de l’Environnement, Audrée Lamothe-Cloutier. Il n’y a pas de norme canadienne non plus.

Au Québec, des objectifs environnementaux de rejet sont aussi calculés pour les sources ponctuelles, comme les mines.

Arrimage Québec n’était pas en mesure de répondre à nos questions, vendredi. Anick Métivier, porte-parole de l’Administration portuaire de Québec, a cependant indiqué cette semaine que les autorités en savent très peu sur la démarche d’Environnement Canada.

«Ils ont pris des échantillons comme ils peuvent le faire pour d’autres produits. Ça arrive à l’occasion qu’ils viennent faire des tests comme ça», a-t-il fait valoir, en attente de la suite.

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