FÉLIX LAJOIE, Le Soleil, publié le 29 mai 2022
«Se réapproprier le territoire» des quartiers centraux de Québec et «ramener la ville à l’échelle humaine»: voilà l’objectif des candidats péquistes Jeanne Robin et Michaël Potvin, qui proposent de transformer une partie des autoroutes Dufferin-Montmorency et Laurentienne.
«L’idée nous est venue en marchant ensemble dans nos quartiers. On s’est rendu compte qu’on suivait toujours le fleuve, mais sans le voir et sans y avoir accès», raconte le candidat dans Jean-Lesage Michaël Potvin, en entrevue avec Le Soleil, samedi.
«Les quartiers centraux de Québec sont actuellement fracturés par plusieurs autoroutes […] cela crée plusieurs problèmes pour la santé et la qualité de vie, et ça crée aussi des barrières infranchissables entre les quartiers», enchaine Jeanne Robin, candidate dans Taschereau.
Selon les deux péquistes, une transformation majeure de certains axes routiers s’impose afin de régler tous ces problèmes. Ils soutiennent ainsi qu’une bonne partie de l’autoroute Dufferin-Montmorency et de l’autoroute Laurentienne doivent être transformés en boulevards urbains.
«Ce qu’on propose c’est d’humaniser ces autoroutes. Il va demeurer de la circulation motorisée dessus, mais on va réduire la vitesse, on va réduire la largeur de la chaussée et on va pouvoir prévoir des aménagements sécuritaires pour les piétons et les cyclistes», explique Mme Robin.
Selon ce plan de transformation, l’autoroute Laurentienne telle qu’on la connait serait remplacée par un boulevard à faible vitesse jusqu’à la rue Soumande. Pour sa part, l’autoroute Dufferin-Montmorency changerait de vocation sur la quasi-totalité de sa longueur, soit jusqu’à l’embranchement avec l’autoroute Félix-Leclerc (la Capitale).
Problèmes de circulation
Certains pourraient craindre que la transformation en simple boulevard d’un axe aussi achalandé que l’autoroute Laurentienne puisse empirer les problèmes de trafic. Cependant, selon la candidate dans Taschereau, c’est bien souvent le contraire qui se produit.
«Quand on réduit la vitesse, paradoxalement on peut faire circuler davantage de véhicules de manière plus fluide. Le problème avec la vitesse sur les autoroutes c’est que les véhicules doivent garder de grandes distances entre eux pour la sécurité, ce qui en fait un modèle très peu efficace en milieu urbain», explique-t-elle.
Il y a deux semaines, l’administration Marchand a réitéré son souhait de voir naitre un boulevard urbain dans le secteur, «bien que ce changement soit porté par le ministère des Transports». L’équipe de Québec Forte et Fière avait également évoqué ce souhait en campagne électorale.
Il n’y a pas seulement les piétons et les cyclistes qui bénéficieraient de ce changement majeur, selon Mme Robin. Tous les citoyens du centre-ville en profiteraient aussi, grâce à un meilleur climat et une meilleure qualité de vie.
«L’autoroute Laurentienne en particulier c’est vraiment un gros ilot de chaleur dans le centre-ville de Québec. Il faut se réapproprier cette autoroute et y implanter davantage de végétation et d’arbres», note-t-elle.
Pour ce qui est de l’autoroute Dufferin-Montmorency, la transformation en boulevard urbain faciliterait l’accès aux berges du Saint-Laurent, et permettrait de garder celles-ci en meilleur état. Ce changement favoriserait aussi l’implantation de la phase quatre de la promenade Samuel-de-Champlain.
Soutenir l’essor économique
La création de deux boulevards urbains dans le centre-ville favoriserait aussi l’essor économique des quartiers environnants, selon les deux candidats péquistes.
Les secteurs adjacents aux deux autoroutes «sont actuellement très convoités par la population» selon Mme Robin, qui n’hésite pas à qualifier les deux axes de «gaspille» d’espace.
L’aménagement d’un boulevard urbain permettrait de rectifier ce problème et de soutenir notamment l’essor de l’écoquartier d’Estimauville, par exemple.
Place Fleur de Lys, le Grand Marché de Québec ainsi que l’entièreté de l’espace Expocité bénéficieraient aussi d’un boulevard urbain, puisque les gens situés à l’est de l’autoroute pourraient s’y déplacer beaucoup plus facilement, souligne Mme Robin.