DOMINIQUE LELIÈVRE, Journal de Québec, lundi 30 août 2021
La Ville de Québec maintient le cap avec son projet de zone d’innovation du Littoral Est (ZILE), mais pourrait devoir diminuer considérablement ses ambitions si elle n’obtient pas le statut nécessaire auprès du gouvernement provincial.
Comme dévoilé en 2019, l’administration Labeaume souhaite décontaminer une quinzaine de terrains d’une superficie totale de 373 000 m2 près du fleuve entre les quartiers Maizerets et Vieux-Moulin.
Le projet de ZILE prévoit d’y accueillir des entreprises, des centres de recherche et des institutions en sciences de la vie, technologies vertes et mobilité intelligente, et de créer 15 000 emplois à l’horizon de 2035.
Or, la Ville estime qu’il en coûtera 109 millions $ pour effectuer le travail de décontamination. Jusqu’à maintenant, le gouvernement provincial a offert 50 millions $, dont 30 millions ont été dépensés à ce jour. Ceci a permis de décontaminer trois terrains, qui sont prêts à la vente.
Paradoxal
Mais malgré cet appui de taille, et son insistance pour amener le tramway dans l’est de la Ville, le gouvernement Legault n’a pas encore confirmé s’il allait octroyer au secteur du littoral est le statut de zone d’innovation, et les millions en subventions qui viennent avec lui.
«Ça peut paraître paradoxal. Ça l’est même un petit peu pour moi. Ceci dit, la dénomination de zone d’innovation, ce qui vient avec ça, c’est beaucoup d’argent. Alors nous, on n’a pas cette garantie-là d’avoir la dénomination», a reconnu le maire Régis Labeaume lundi matin.
Selon lui, Québec est en concurrence avec de nombreuses autres municipalités pour obtenir ce statut. Sans les 59 millions $ manquants pour décontaminer de nouveaux terrains, le projet de ZILE serait considérablement ralenti.
«C’est un gros projet, alors, moi, je vous dirais que ça [aurait] des chances de se faire, mais à beaucoup plus long terme par rapport à une dénomination puis l’argent qui va avec», a dit M. Labeaume.
Premier projet
Entre temps, la Ville est prête à aller de l’avant avec un premier projet de développement, si toutefois le nouveau locataire de la mairie partage la même vision au lendemain de l’élection de novembre.
L’administration Labeaume propose de convertir le garage municipal à l’angle du chemin de la Canardière et du boulevard Henri-Bourassa en espace d’incubation d’entreprises technologiques. Il serait appelé à devenir «un bâtiment emblématique du secteur» et un «pivot de renouveau».
Autour de lui pourraient s’installer les premières entreprises de la ZILE, dans un quartier décrit comme étant verdoyant, à deux pas du futur tramway.
«C’est donc un premier geste pour concrétiser la zone d’innovation du Littoral Est, et cette zone servira de terreau fertile pour l’innovation», a déclaré le maire, qui a promis qu’il n’y aurait pas d’industries polluantes.
Laurentia
D’autre part, le maire sortant a soutenu que l’échec du projet Laurentia au port de Québec, qui avait à l’origine été inclus dans la vision de ZILE, n’aurait pas d’impact. «Ça ne change absolument pas les fins du projet. Probablement que, de toute évidence, il va y avoir moins de maritime», a-t-il affirmé.
Le projet ZILE a essuyé lundi les critiques du parti municipal Transition Québec et de Québec solidaire, qui ont déploré le manque de consultations citoyennes.