Laurentia : des ministères importants toujours pas convaincus

Le port de Québec croit toujours à la pertinence du projet Laurentia.

Kassandra Nadeau-Lamarche, Radio-Canada, le 4 mai 2021

Les mesures d’atténuation proposées par l’Administration portuaire de Québec (APQ) dans le cadre du projet Laurentia n’ont pas convaincu les ministères fédéraux de donner leur appui. Toutefois, le port garde espoir d’obtenir l’aval du ministre de l’Environnement et du Changement climatique.

Après l’analyse des nouvelles informations fournies par le port de Québec, Santé Canada, Pêches et Océans Canada, ainsi qu’Environnement et Changement climatique Canada maintiennent toutes leurs craintes quant aux possibles effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine.

Avis défavorables

Santé Canada indique que les mesures d’atténuation proposées ne modifient pas de façon substantielle les conclusions présentées dans l’avis du 5 octobre dernier. Dans cet avis, le ministère de la Santé présentait plusieurs inquiétudes liées à la qualité de l’air et la santé humaine.

Dans son avis, Pêches et Océans Canada réitère l’importance du site de la baie de Beauport pour l’écosystème de plusieurs espèces de poisson, particulièrement pour la reproduction du bar rayé. Le ministère admet que l’Administration portuaire a bonifié son programme de compensation, mais estime que les améliorations ne permettraient pas de contrebalancer les répercussions défavorables qui seraient observées au niveau de plusieurs autres fonctions d’habitat importantes pour le poisson.

Quant aux experts d’Environnement et Changement climatique Canada, ils répètent entre autres que le projet de terminal de conteneurs en eaux profondes entraînerait toujours des dépassements des normes et critères pour plusieurs contaminants dans l’air.

L’Administration portuaire de Québec toujours optimiste

Ces avis d’experts ne sonnent toutefois pas le glas de Laurentia.

L’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AÉICAgence d’évaluation d’impact du Canada) a par ailleurs confirmé avoir reçu les documents des trois ministères. Elle indique en prendre compte dans la rédaction de son rapport final qui sera envoyé au ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, dans les prochaines semaines.

Une recommandation finale du ministre est attendue au plus tard le 10 juin prochain.

Hugues Paris, directeur du projet Laurentia, indique que même si le rapport final de l’AÉICAgence d’évaluation d’impact du Canada n’est pas favorable, le gouvernement pourra tout de même donner son aval. C’est le gouvernement qui doit prendre en bout de ligne des décisions sur la valeur des avantages et des désavantages du projet. Laurentia ne serait pas le seul projet qui aurait été approuvé et où il y aurait eu des avis avec des impacts significatifs.

Concernant la qualité de l’air, l’Administration portuaire rappelle qu’elle n’est pas la seule responsable des émissions. Elle considère d’ailleurs que la récente annonce de la Ville de Québec, qui interdira dès 2026 l’utilisation de poêles à bois non certifiés, contribuera grandement à améliorer la situation dans le secteur de Limoilou. Il nous apparaît important de souligner que c’est la qualité de l’air actuelle qui est problématique. Ce n’est pas le projet Laurentia en tant que tel, ajoute Hugues Paris.

L’Administration portuaire de Québec affirme que cette mesure est trop récente et ne peut donc être l’objet d’une évaluation par l’Agence.

Un refus nécessaire

Pour le député de Québec solidaire Sol Zanetti, compte tenu de ces avis, il serait maintenant illogique pour le gouvernement fédéral de permettre la réalisation du terminal. S’il est vrai que quelqu’un se soucie de l’environnement là-dedans, ça ne devrait pas être accepté. Si jamais c’est accepté, ce sera un scandale.

Il affirme que le projet ne récolte pas une acceptabilité sociale suffisante alors que de nombreux citoyens, ainsi que des élus, s’y sont publiquement opposés

Une manifestation d’opposants est prévue pour le 22 mai en après-midi.

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