Projet Laurentia : le Port de Québec défend l’Université Laval

Alexandre Duval, Radio-Canada, publié le 11 décembre 2020

Malgré une récente vidéo montrant la rectrice Sophie D’Amours appuyer le projet Laurentia, le Port de Québec assure qu’« il n’a jamais été question » de lier l’Université Laval à son projet de terminal de conteneurs en eau profonde.

En début de semaine, face au mécontentement d‘associations étudiantes et de centaines de professeurs, la direction de l’Université Laval a publié un message dans lequel elle ne se disait ni pour ni contre le projet Laurentia.

L’Université précisait que son appui a toujours visé uniquement la zone d’innovation Littoral Est. Cette mise au point en a fait sursauter plus d’un, à commencer par La planète s’invite à l’Université Laval.

La coalition environnementaliste croit que l’administration de Mme D’Amours cherche à sauver sa réputation, car la rectrice a été accusée de soutenir un projet qui risque d’avoir des impacts négatifs sur l’environnement.

Interpellé par Radio-Canada, le Port de Québec tient la même ligne que l’Université Laval : leur partenariat s’inscrit dans un objectif de recherche et d’innovation lié au projet de la zone du Littoral Est, indique le porte-parole Frédéric Lagacé.

« Pour l’Administration portuaire de Québec, il n’y a aucun changement dans la position actuelle de l’Université. C’est ce qui a été convenu et entendu dès les premières discussions. » (Frédéric Lagacé, porte-parole de l’Administration portuaire de Québec)

Une vidéo qui semble prouver le contraire

Pourquoi alors, dans une vidéo mise en ligne sur YouTube par le Port de Québec en juin dernier, la rectrice Sophie D’Amours commente-t-elle positivement le projet Laurentia aux côtés d’autres acteurs?

Aurait-elle été mal citée par le Port? a demandé Radio-Canada. Dans la vidéo, l’Université Laval reste toujours sur le thème de l’innovation, se défend M. Lagacé, en nous référant à un communiqué de presse publié au même moment que la vidéo.

C’est basé sur ce communiqué que l’annonce du 22 juin et la vidéo ont été réalisées. Or, le titre de celui-ci est très clair à l’effet que Québec deviendra un nouveau pôle d’innovation logistique et maritime, dit M. Lagacé.

Toujours est-il que la première phrase de ce communiqué qualifie justement le projet Laurentia de pierre angulaire de ce pôle d’innovation.

Des projets distincts, mais…

Par courriel, la Ville de Québec insiste pour dire que le projet Laurentia et la zone d’innovation Littoral Est sont indépendants. Leurs états d’avancement ne sont pas liés, et chaque projet peut voir le jour, ou pas, sans compromettre l’autre, écrit la porte-parole Wendy Whittom.

Il n’y a pas si longtemps, le maire Régis Labeaume disait néanmoins que certains développements de la zone d’innovation Littoral Est reposaient en partie sur la construction du projet Laurentia.

Rappelons que le projet Laurentia n’a toujours pas l’aval du gouvernement fédéral pour aller de l’avant. Le rapport final de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada n’a pas encore été déposé.

Pour ce qui est de l’avancement du dossier de la zone d’innovation du Littoral Est, il reste une dernière étape à franchir avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation [du Québec], pour une possible reconnaissance au premier trimestre de l’année 2021, dit Mme Whittom.

Difficile de les séparer

Même si la direction de l’Université Laval nie avoir appuyé le projet Laurentia et que le Port de Québec défend aussi cette vision des choses, la perception est tout autre chez les professeurs de l’Université Laval.

On peut tenter de mettre certaines choses au clair, mais les faits sont ce qu’ils sont depuis le début , lance Alain Viau, le président du Syndicat des professeurs (SPUL).

Dans son esprit, la zone d’innovation Littoral Est et le projet Laurentia sont difficilement dissociables l’un de l’autre.

« Il y a eu des sorties dans les médias, il y a eu des positions qui ont été prises [par l’Université]. Maintenant, on voit que les positions se modulent, mais à la base, il y a un lien entre les deux projets. » (Alain Viau, président du Syndicat des professeurs de l’Université Laval)

À la fin novembre, un sondage commandé par le SPUL révélait que 79 % des professeurs sondés étaient en désaccord avec le prétendu appui de la rectrice envers le projet Laurentia.

Les deux tiers des répondants affirmaient aussi qu’une telle prise de position posait problème par rapport à la liberté académique des professeurs.

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