L’autre risque du projet Laurentia

JEAN BAILLARGEON, Expert-conseil en communication et développement stratégique

Le Soleil, publié le 20 novembre 2020

POINT DE VUE / L’Agence d’évaluation des impacts du Canada prépare des consultations publiques à propos de son rapport préliminaire qui constate notamment que l’agrandissement du port de Québec, le projet Laurentia, contribuera davantage à polluer les quartiers environnants déjà saturés de contaminants toxiques.

Toutefois, nulle part il n’est question du danger que représente le transbordement de milliers de conteneurs au niveau de la sécurité publique, ce qui me semble un véritable futur terrain de jeux pour le crime organisé à Québec, si on en croit un rapport incriminant du gouvernement fédéral. 

Est-ce que nos élus qui appuient déjà le projet du Port ont été informés des risques de corruption et d’intimidation qu’amène un immense quai de transbordements de conteneurs? Si oui, pourquoi ne pas aborder ce thème lors des présentes consultations publiques?

Je rappelle qu’un rapport diffusé par le gouvernement canadien sur le plan de la sécurité publique devrait inquiéter tous les élus, tant au niveau municipal, provincial que fédéral. On y mentionne que les ports au Canada sont vulnérables à l’importation de drogues, de contrefaçons (produits du tabac, industrie pharmaceutique, vêtements, passage de clandestins, etc. De plus, on y mentionne que les voitures volées et les drogues synthétiques sont les biens illégaux les plus fréquemment exportés par les ports commerciaux au Canada.

Les auteurs du rapport soulignent que les biens de contrebande proviennent surtout de la Chine et sont contrôlés par les réseaux criminels chinois. Enfin, les ports de Mont­réal, Vancouver et Halifax sont les plus vulnérables compte tenu du volume important de conteneurs qui y transitent annuellement. Rappelons que le projet Laurentia du Port de Québec prévoit transborder plus de 700 000 conteneurs par année, ce qui signifie en moyenne près de 1400 conteneurs par semaine.

Je ne doute pas de l’intégrité et du professionnalisme du principal partenaire investisseur chinois du Port de Québec, mais je m’inquiète de la détérioration éventuelle de la paix sociale de la ville de Québec. Pensons-y, voulons-nous que la région de la Capitale-Nationale devienne une plaque tournante et la porte d’entrée du crime organisé asiatique en Amérique du Nord?

Le rapport diffusé par l’unité de recherche sur le crime organisé dans les ports du Canada par l’organisme fédéral Sécurité publique Canada n’a rien de rassurant. Les auteurs en concluent que les ressources pour surveiller la contrebande sont actuellement insuffisantes

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