Port de Québec: une entente de 775 M$ pour Beauport 2020

 

Même s’il n’a pas encore obtenu le feu vert environnemental pour son projet de terminal de conteneurs, le Port de Québec vient de signer une entente de 775 millions $ avec l’opérateur Hutchison Port et le CN.

L’administration portuaire en a fait l’annonce par communiqué mardi matin, puis lors d’une conférence de presse à laquelle participaient les chambres de commerce de Québec et Lévis, ainsi que Québec International, mais en l’absence des partenaires financiers et des gouvernements.

Annoncé à l’origine pour un budget global de 400 millions $, le projet fait un bond majeur à 775 millions $, notamment en raison de l’apport du privé et l’utilisation de nouvelles technologies vertes. Le projet appelé jusqu’à maintenant Beauport 2020 change de nom par la même occasion. Il se nomme dorénavant Terminal Laurentia.

«On ne pouvait espérer meilleur scénario», s’est réjoui le PDG du Port de Québec, Mario Girard. «Le plus grand opérateur de terminaux au monde qui s’allie au plus grand transporteur ferroviaire nord-américain, les deux choisissent Québec.»

Majoritairement privé

Cela en fera «un des plus importants projets privés non résidentiels jamais réalisés à Québec», a-t-il indiqué. M. Girard n’a cependant pas voulu préciser le montage financier, se limitant à dire que le projet sera «très majoritairement financé par des capitaux privés». La contribution des gouvernements supérieurs est toujours «en discussion» et permettra selon M. Girard «d’agir comme effet de levier»

L’annonce de mardi permet de «formaliser le projet», indique l’APQ. Toutefois, le projet n’a toujours pas obtenu le feu vert de l’Agence fédérale d’évaluation environnementale. Le processus est en cours depuis 2015. Mardi, le Port a finalement fourni les renseignements qui restaient en suspens dans sa réponse à la demande d’information de l’Agence du 24 avril 2017.

Les investisseurs Hutchison Ports et le CN sont au courant des démarches en cours, a assuré Mario Girard, et sont «habitués» à ces étapes nécessaires. «On a confiance d’obtenir les autorisations, mais on ne peut pas présumer de ça.»

Hutchison Ports compte maintenant dans son réseau mondial 52 ports situés dans 27 pays. C’est l’opérateur qui sera chargé de construire les installations de manutention portuaires qu’on promet «les plus vertes et technologiques de toute l’Amérique du Nord». Le Port ambitionne d’avoir le terminal de conteneurs avec la plus faible empreinte écologique au monde.

«Avec son port en eau profonde complètement intermodal, son emplacement stratégique en vue d’atteindre le marché du Midwest américain et le grand soutien de la part des autorités locales, le projet de Québec possède tous les atouts pour réussir dans ce marché hautement prometteur», a déclaré par écrit Eric Ip, directeur général du groupe Hutchison Ports.

De son côté, la compagnie ferroviaire CN a vanté par voie de communiqué l’expérience de Hutchison. «Hutchison est un opérateur de conteneurs de classe mondiale et nous sommes convaincus que nous nous associons à un groupe qui saura contribuer à la réussite du projet », a fait savoir J.-J. Ruest, président-directeur général du CN.

«Improvisation»

Cette annonce a été reçue très froidement par les groupes verts, qui crient à l’«improvisation». Selon Christian Simard, de Nature Québec, l’entente «ne rend pas un projet inacceptable plus acceptable. C’est un projet enclavé dans une ville, qui va demander l’empiétement de 72 terrains de football dans un endroit à haute biodiversité, dans l’habitat d’une espèce protégée par la loi fédérale.» M. Simard souligne que le projet «n’enlève rien à la pollution de Limoilou et des quartiers centraux avec le vrac à ciel ouvert».

«C’est tellement un projet improvisé qu’ils ont dû changer le nom pour enlever la date butoir du projet. On passe du projet Beauport 2020 à Laurentia, sans date de tombée parce qu’ils ne peuvent pas nous garantir que ce projet ira de l’avant», a commenté Alice-Anne Simard, directrice générale de Eau-Secours.

Ce à quoi le PDG du Port, Mario Girard, a répondu que le projet était loin d’être improvisé. Si l’APQ a au départ soumis à l’agence d’évaluation environnementale un «scénario hypothétique» de terminal qui contiendrait du vrac solide, du vrac liquide et des conteneurs, c’était pour que «l’ensemble des impacts environnementaux potentiels» soit évalué.

De son côté, le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) souligne que deux ans après l’annonce du projet de terminal de conteneurs, «le Port n’a toujours pas un seul client à annoncer». «Si Mario Girard nous annonçait que le port vient de conclure avec un premier véritable grand armateur mondial, les Maersk, CMA CGM, MSC, Hapag-Lloyd, ceux qui desservent les marchés internationaux du conteneur, on pourrait dire que oui, c’est peut-être sérieux. Mais cette «entente» avec Hutchison Port, c’est comme un engagement formel de retenir les services du grutier si, le cas échéant, le projet en vient  à démarrer», a souligné le président du groupe, Pierre-Paul Sénéchal.

L’Association des employeurs maritimes, qui s’était prononcée contre le projet de Beauport 2020 en 2018, n’a pas souhaité réagir mardi à l’annonce de l’entente.

La Fédération des Chambres de commerce et les Armateurs du Saint-Laurent ont tous deux donné leur appui au projet.

Projet Terminal Laurentia

  • Nouveau nom pour Beauport 2020
  • Manutention de 500 000 conteneurs (équivalant 20 pieds) par année
  • Prolongement de 610 mètres de la ligne de quai actuelle
  • Aménagement d’un terrain de 17 hectares

Hutchison Ports

  • Opérateur de terminal
  • Présent dans 52 ports situés dans 27 pays
  • Première présence en Amérique du Nord
  • Manutentionne chaque année 85 millions de conteneurs, soit 11 % du trafic mondial

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