KARINE GAGNON, Journal de Québec, publié le j
Après le démantèlement des tristement célèbres réservoirs d’essence qui ont fait place à une magnifique promenade le long du boulevard Champlain, il est questionnant de voir qu’une dizaine de silos vont bientôt y être aménagés.
C’est pourtant bel et bien ce qui se produira, d’ici 2021, avec la réalisation du projet de la Coop fédérée. Les plus optimistes parleront des retombées économiques (un peu moins de 20 M$ sur 20 ans) et des 50 emplois directs ou indirects découlant des opérations.
Les plus affables diront aussi qu’au moins, une nouvelle vocation a été trouvée pour les deux silos blancs construits d’urgence et en catimini, en 2013, parce que ça pressait, di
À l’époque, le maire Régis Labeaume avait déchiré sa chemise lorsqu’il avait appris, depuis Paris, que les deux silos avaient émergé. Il avait reproché aux promoteurs de ne pas avoir mené de consultations. « Ils nous prennent pour des cons », s’était-il insurgé, en appelant à l’UNESCO et au premier ministre du Canada de l’époque.
Puis à son retour au pays, étrangement, le maire avait sombré dans le mutisme. La suite est connue : le fournisseur principal du terminal en granules de bois a fermé ses portes et le projet est tombé à l’eau. Les « silos de la honte » n’auront à peu près servi qu’à susciter la colère et la déception.
Nombreuses questions
Une consultation a eu lieu cet été, où les citoyens ont fait part de leurs multiples inquiétudes, notamment par rapport au bruit et au va-et-vient qui pourrait être généré dans le secteur. Plusieurs questions subsistent.
On promet de planter des arbres à titre d’écran visuel, mais de quoi parle-t-on ? Quelles seront la hauteur et la dimension exactes des installations ? Comment fera-t-on pour contrôler la circulation dans le secteur ? Et le bruit ?
Des mesures ont été prises, précise-t-on du côté de la Coop fédérée, pour atténuer les impacts du projet. Il n’en demeure pas moins que dix silos prendront bientôt place tout juste à côté du secteur visé par la phase trois du prolongement de la promenade Samuel-De Champlain, la plus ambitieuse.
Depuis 2007, le maire de Québec claironne d’ailleurs à tout vent, et avec raison, à quel point il est important de redonner l’accès au fleuve aux Québécois. Il en a reparlé cet été, lors de l’annonce par le précédent gouvernement de cette nouvelle phase de la promenade.
Celle-ci prévoit un investissement de 160 M$ du gouvernement du Québec pour aménager une plage urbaine, un bassin de baignade et un miroir d’eau, entre la côte Gilmour et la côte de Sillery, et vise à intégrer encore davantage le boulevard Champlain à son environnement, expliquait-on dans le communiqué de presse distribué en mai.
L’ajout de silos représente-t-il vraiment la meilleure façon de mettre en valeur la bordure du fleuve, et ce, juste avant l’entrée au cœur de l’arrondissement historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ? Voilà qui mérite une sérieuse réflexion.