Une plage urbaine sur la promenade Samuel-De Champlain

JEAN-FRANÇOIS NÉRON, Le Soleil, publié le 28 mai 2018
La plus ambitieuse phase de construction de la promenade Samuel-De Champlain débutera en 2019. Un bassin pour la baignade est au cœur de ce projet de 160 millions $ qui oblige le déplacement de la voie ferrée.

La promenade se prolongera vers l’est sur 2,5 kilomètres entre la côte de Sillery et la côte Gilmour. Comme la présence de la voie ferrée le long du fleuve «crée une rupture», elle sera déplacée le long de la falaise. Le train passera sous le boulevard Champlain près du Yacht Club de Québec plutôt qu’à la hauteur de la côte de Sillery comme actuellement. C’était la seule façon de pouvoir aménager, sans entrave, 350 000 mètres carrés de terrain sur deux kilomètres de rive.

Tout ce nouvel espace sera décliné en trois stations thématiques. La station de la plage est considérée comme le cœur du projet. Il s’agit d’un bassin d’eau douce de 60 mètres de longueur par 25 mètres de largeur et de 1,2 mètre de profondeur. Il pourra accueillir jusqu’à 1500 baigneurs par jour. Adjacent, un miroir d’eau de 200 mètres de longueur avec jets d’eau, toujours en bordure du fleuve, permettra de se tremper le gros orteil. Une plage de sable sera aménagée entre les équipements aquatiques et un bâtiment de services. Au total, le site a une capacité de 4500 personnes. Les berges du Saint-Laurent demeurent accessibles par un escalier.

Réal Lestage, urbaniste concepteur de la promenade, se réjouit de voir bientôt naître l’élément central du projet. «À l’époque, on ne pouvait commencer par cette phase à cause des contraintes de propriété et la voie ferrée. Je me souviens lorsque je suis venu ici à l’époque avec Pierre Boucher [ex-président de la Commission de la capitale nationale] et qu’il m’expliquait ce qu’il voulait faire. J’avais de la difficulté à me l’imaginer», lance-t-il.

Contrairement aux deux phases précédentes qui constituent principalement un lien pédestre et cycliste avec des points de vue sur le fleuve, cette troisième phase offre un potentiel récréatif énorme, même au-delà de la baignade.

En effet, la station de la voile, autour du Yacht Club, mise sur l’aménagement d’un espace famille avec barbecues et zone pique-nique et des jeux comme la pétanque et le volleyball avec plage naturellement ensablée. Il côtoiera le marais Saint-Michel, remis en valeur avec la construction de quais d’observation.

La station de Puiseaux est celle plus à l’ouest. Elle fait la jonction avec la promenade actuelle. Comme les deux autres stations, elle comprendra un bâtiment de service. Le quai Frontenac sera réaménagé et un espace événementiel sera intégré au lieu.

Pour faciliter l’accès aux nouvelles installations, il y aura aménagement de 390 nouvelles cases de stationnement. Au total, 670 cases seront disponibles près de la promenade.

La directrice du bureau de projet pour la Commission de la capitale nationale, Élisabeth Corneau, confirme que c’est la phase la plus ambitieuse. Les travaux débuteront en 2019. Ils se poursuivront jusqu’en 2021. L’ouverture du bassin devrait se faire en 2022. Les 160 millions $ qui y seront dépensés s’ajoutent aux 100 millions $ des deux premières phases.

Un visage changé

Le ministre Sébastien Proulx, responsable de la Capitale-Nationale, s’est dit heureux de voir se poursuivre ce legs du gouvernement du Québec pour le 400e anniversaire de la ville. Cette «signature distinctive» permet, selon lui, «d’intégrer encore davantage le boulevard Champlain dans son environnement».

De son côté, le maire de Québec a félicité le travail effectué de longue haleine. «Vous n’avez pas idée à quel point la promenade a changé le visage de Québec. Il faut saluer le courage de ceux qui ont convaincu les entreprises de libérer le fleuve. Il fallait vivre avec le passé et changer le passé, ce n’est pas évident. Jean-Paul L’Allier a été le premier à avoir la vision de la promenade», a conclu Régis Labeaume.

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EN BREF… 

Une phase 4 à définir

Si le maire de Québec dit aujourd’hui être «hypnotisé par les images de la promenade», il n’en demeure pas moins que le but ultime est de relier par un lien cyclable et pédestre les 42 kilomètres de rivage entre le pont de Québec et celui de l’île d’Orléans. C’est ce qui constituera la phase quatre à venir. Les premières esquisses n’ont pas plu à Régis Labeaume. Il souhaite ardemment un lien aménagé tout le long du fleuve, sans jamais bifurquer à l’intérieur des terres, pour que les promeneurs gardent une vue constante sur le fleuve. Le projet est encore à la phase de conception.

Tronçon temporaire sous le Cap

Le CN utilisera le tunnel ferroviaire sous le Cap-aux-Diamants pendant le déplacement de la voie ferrée le long de la falaise au coût de 8 millions $. Une entente tripartite a été signée entre la Commission de la capitale nationale, le CN et le Chemin de fer Gatineau-Québec, propriétaire du tronçon, pour l’utilisation du tunnel. Actuellement sous-exploité, il n’y passe qu’un train par mois. Des travaux de mise à niveau devront être faits sur le tronçon pour s’assurer que les équipements peuvent résister au trafic des trains du CN.

Contrats presque tous signés

Les contrats pour permettre le déploiement de la phase trois sont presque tous signés. Le ministre responsable de la Capitale-Nationale a confirmé que rien ne peut maintenant empêcher la réalisation du projet, même s’il reste encore quelques ficelles à attacher. «Les choses sont suffisamment engagées pour faire le projet.» Par exemple, des négociations sont toujours en cours avec le CN pour l’obtention d’une portion de terrain qui sert pour l’entreposage des bateaux près du Yacht Club de Québec.

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