Loin d’être gagné pour le terminal de conteneurs, estime le conseiller Jean Rousseau

Stéphanie Martin, Journal de Québec, publié le 22 mai 2018

Jean Rousseau
Jean Rousseau. (Photo: Jean-François Desgagnés, Journal de Québec)

 

Le Port de Québec tente de jouer dans la cour des grands du marché des conteneurs, mais c’est loin d’être gagné, estime le conseiller municipal du secteur.

«Pour les conteneurs, on veut devenir un concurrent parmi d’autres grands joueurs et, à mon avis, il n’y a rien d’assuré de ce côté-là.»

Jean Rousseau, conseiller de Démocratie Québec représentant le secteur de Cap-aux-Diamants où est sis le Port, réagissait mardi au reportage du Journal, qui rapportait qu’un des géants de l’industrie du transport de conteneurs accueillait avec tiédeur au projet Beauport 2020. Hapag-Lloyd craint que l’arrivée d’un nouveau joueur bouleverse l’équilibre du marché et affecte les investissements dans les ports établis comme Montréal et Halifax, qui selon lui desservent bien l’est du Canada.

La réaction d’Hapag-Lloyd démontre selon M. Rousseau que «ce projet-là n’est pas gagné et n’est pas gagnant à l’heure actuelle».

«Le marché des conteneurs, ce sont des multinationales et on sentait que Contrecoeur était vraiment le port qui était le plus articulé par rapport à ça», affirme-t-il, en référence au futur terminal de conteneurs du Port de Montréal, situé sur la Rive-Sud du Saint-Laurent.

Selon M. Rousseau, «ça ne semble pas très réaliste» de penser que les porte-conteneurs s’arrêteront pour décharger une partie de leur cargaison à Québec avant de poursuivre leur route vers Montréal.

Il estime que plusieurs questions demeurent sans réponse sur Beauport 2020, au point de vue commercial et environnemental. Il s’inquiète de la circulation de trains et de camions supplémentaires.

«Je crois que ça devrait être un port de niche, un port beaucoup plus ancré dans des activités autres que le transbordement de matières brutes ou de conteneurs. Il faut réenvisager les activités du port en lien avec la mission patrimoniale et touristique de la ville», dit-il, s’interrogeant sur l’appui sans réserve qu’a donné le maire Régis Labeaume au projet.

«Dès qu’on parle de gros investissements, on est admiratifs, ébahis devant les gros montants, alors qu’on pourrait les investir dans une vision qui est beaucoup plus adaptée au 21e siècle plutôt que du 19e siècle.»

Le Port n’a pas souhaité commenter directement les propos du directeur des communications corporatives d’Hapag-Lloyd, Tim Seifert.

«Cependant, il est utile de rappeler qu’un grand projet comme celui de se doter d’un terminal de conteneur en eau profonde amène forcément une nouvelle dynamique commerciale qui change l’ordre établi, qui est susceptible de ne pas plaire à tous et c’est parfaitement compréhensible. Comme nous avons déjà rencontré cette organisation, c’est sans surprise que nous avons constaté leur position ce matin via le porte-parole d’Hapag-Lloyd», a fait savoir la porte-parole du Port, Marie-Andrée Blanchet.

Selon le maire, Régis Labeaume, la sortie de Hapag-Lloyd est motivée par des intérêts particuliers. «Ils ont des installations à Montréal. Ils n’ont pas le goût d’avoir un compétiteur.» Le maire croit que le pdg du Port «a avantage à aller plus loin dans son projet» et affirme que des développements supplémentaires surviendront en juin.

Jean-François Gosselin, chef de Québec 21, a quant à lui renvoyé toutes les questions de nature économique et environnementale aux dirigeants du port de Québec.

– Avec la collaboration de Taïeb Moalla

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