Agrandissement du port de Québec: exit le brise-lames à Beauport

Annie Morin, Le Soleil, publié le 8 février 2018

EXCLUSIF / Le Port de Québec modifie son projet d’agrandissement en éliminant le brise-lames initialement planifié à la baie de Beauport. L’objectif est de dégager la vue à partir de la plage et de faciliter la pratique des sports nautiques. L’empiétement sur le fleuve est ainsi réduit de cinq hectares, mais le problème d’érosion reste à solutionner.

La nouvelle configuration de la plage ainsi que le projet de terminal de conteneurs seront présentés à la population le 21 février lors d’une journée portes ouvertes. Employés du Port et consultants répondront aux questions des citoyens et noteront leurs commentaires entre 12h et 20h30, au terminal de croisières Ross-Gaudreault.

L’Administration portuaire de Québec (APQ) publiera également sur son site web des documents informatifs destinés au grand public dès vendredi ou au plus tard lundi. Il sera possible de formuler des commentaires pendant une période de 30 jours.

Dans une entrevue au Soleil, Marie-Ève Lemieux, coordonnatrice en conformité environnementale à l’APQ, relève que l’une des principales critiques du projet Beauport 2020 est l’enclavement de la plage de la baie de Beauport entre la digue de retenue de la nouvelle ligne de quai et le brise-lames dessiné côté baie.

Les amateurs de sports nautiques, représentés au sein du Forum des usagers de la baie de Beauport, soulevaient même un enjeu de sécurité puisque le brise-lames était susceptible de nuire aux manœuvres au départ comme à l’arrivée.

«Cette infrastructure permanente, irréversible, pouvant potentiellement causer des comportements inattendus avec le vent et les courants, causerait très probablement des blessés, comme cela été le cas à maintes reprises de par le monde alors que des pratiquants de kitesurf et de planche à voile se sont retrouvés à proximité d’infrastructures du genre», pouvait-on notamment lire dans le mémoire de l’Association des kitesurfers et véliplanchiste de Québec déposé à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE).

Une fois sensibilisé, le Port a étudié la possibilité d’aménager plutôt un brise-lames submersible, mais il y avait encore beaucoup d’enrochement à faire et le danger demeurait, explique Mme Lemieux.

Considérant que l’ACEE plaide aussi pour un minimum d’empreinte sur le fond marin, l’APQ a donc décidé de renoncer au brise-lames. «On va avoir un gain environnemental de cinq hectares, donc cinq hectares de moins d’empiétement», annonce Mme Lemieux. Il restera toujours 17 hectares à remblayer pour étirer la ligne de quais sur 610 mètres.

Avant/après

Avant

Après

 

But précis

Le brise-lames avait pour fonction de préserver et même permettre le rechargement de la plage de la baie de Beauport, qui perd du sable chaque année au profit du fleuve. C’était un des points positifs avancés pour vendre le projet Beauport 2020 à la population.

Il est maintenant prévu de laisser la plage telle quelle. Du travail sera tout de même fait dans les prochains mois pour trouver des façons nouvelles de contrer l’érosion, indique Alain Sans Cartier, vice-président Affaires publiques et partenariat stratégique.

Quant au sable provenant du dragage qui devait être déposé sur la plage, il sera redirigé vers les caissons du futur quai. La capacité portante de l’infrastructure a été revue à la baisse car les conteneurs pèsent moins lourd que le vrac liquide et le vrac solide qui faisaient partie du scénario de départ. Si bien que le sable pourra remplacer de grosses roches comme matériel de remblaiement. L’objectif est de réutiliser 100 % des sédiments dragués pour construire le quai et l’arrière-quai.

Le Port de Québec prévoit répondre à la fin de mars aux dernières questions de l’ACEE sur son projet d’agrandissement. Il indiquera au même moment à l’organisme fédéral qu’il abandonne le brise-lames et détaillera les impacts de manutentionner seulement des conteneurs à la baie de Beauport. Les commentaires qui seront recueillis au cours du prochain mois seront intégrés à la documentation.

L’impact financier des récents changements sur les coûts du futur terminal, estimés à 200 millions $ pour le Port et autant pour l’opérateur privé qui reste à trouver, n’a pas encore été estimé, nous dit Alain Sans Cartier.

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