Québec veut mettre la main sur cinq ports fédéraux

Alexandre Shields, Le Devoir, publié le 17 juin 2017
Parmi les ports ciblés par le gouvernement Couillard, il y a celui de Gros-Cacouna.
Parmi les ports ciblés par le gouvernement Couillard, il y a celui de Gros-Cacouna. (Photo: Olivier Zuida, Le Devoir)

 

Le gouvernement Couillard est prêt à prendre en charge la gestion de cinq des infrastructures portuaires fédérales situées au Québec et dont Ottawa veut se départir. Il compte toutefois négocier des « compensations financières », puisqu’il refuse d’hériter de la facture salée de la restauration de ces infrastructures.

Le ministre délégué aux Affaires maritimes, Jean D’Amour, a annoncé vendredi que le gouvernement « souhaite » entamer des négociations pour 5 des 25 infrastructures portuaires situées au Québec que le gouvernement fédéral veut céder, dans le cadre de son Programme de transfert des installations portuaires.

Le gouvernement Couillard a ainsi ciblé les ports de Matane, Rimouski, Gaspé, Baie-Comeau et Gros-Cacouna. Pas moins de quatre de ces infrastructures sont inscrites dans la liste des sites où les libéraux souhaiteraient développer une « zone industrialo-portuaire », dans le cadre de leur Stratégie maritime : Gaspé, Matane, Rimouski et Gros-Cacouna.

« Par la prise en charge de ces cinq infrastructures faisant partie de notre réseau portuaire stratégique, nous voulons accentuer le développement économique maritime de nos régions tout en répondant aux enjeux de compétitivité de l’industrie internationale », a d’ailleurs fait valoir vendredi le ministre D’Amour, par voie de communiqué.

Compensation financière

Le cabinet du ministre prévient toutefois que le gouvernement québécois n’entend pas assumer les coûts de restauration de ces infrastructures, qui se chiffreraient en dizaines de millions de dollars. À titre d’exemple, la Ville de Matane évalue que ses infrastructures auraient besoin de travaux évalués à au moins 35 millions de dollars.

Le gouvernement Couillard compte donc négocier avec le fédéral « les modalités de transfert, incluant les compensations financières ». Selon ce qu’a précisé l’attaché de presse du ministre, Marc Lapointe, le Québec voudrait prendre en charge des infrastructures qui auront d’abord été « mises à niveau », donc déjà réparées avant la cession.

35 millions: C’est le montant évalué par la Ville de Matane pour les travaux dont ses infrastructures portuaires ont besoin.

Réagissant aux intentions du gouvernement du Québec, le ministre fédéral des Transports Marc Garneau s’est dit ouvert à négocier la « mise à niveau » de certaines infrastructures portuaires, et ce, « le plus rapidement possible ». Il a toutefois répété que l’intention d’Ottawa est de céder les infrastructures en incluant le montant nécessaire pour la restauration.

Le ministre a toutefois refusé de préciser quels pourraient être les coûts de restauration des différentes infrastructures, se contentant de dire que le gouvernement détient déjà des estimations.

Infrastructures orphelines ?

Par ailleurs, plusieurs autres infrastructures portuaires régionales essentielles sont toujours en attente d’une prise en charge, dans le cadre du processus de cession du fédéral. Québec demande ainsi à Ottawa de « continuer d’assumer sa responsabilité historique à l’égard des infrastructures portuaires consacrées au désenclavement des collectivités isolées, en les entretenant adéquatement et en les reconstruisant lorsque requis ».

Plusieurs de ces installations sont situées sur la Basse-Côte-Nord, dont Blanc-Sablon, Harrington Harbour, Kegaska, La Romaine, La Tabatière, Natashquan, Tête-à-la-Baleine et Saint-Augustin. Dans plusieurs cas, ces installations essentielles à la survie des communautés auraient besoin de millions de dollars de travaux. Le gouvernement du Québec a aussi nommé l’infrastructure portuaire de Cap-aux-Meules, cruciale pour les îles de la Madeleine.

Le gouvernement Trudeau, qui n’a jamais publié d’évaluation des coûts de réparation des 25 installations portuaires qu’il souhaite céder, a déjà promis que si certaines infrastructures utilisées à l’heure actuelle ne sont pas prises en charge au terme du processus de transfert, Transport Canada continuera d’en assumer la gestion.

 

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