Le Soleil, publié le 19 janvier 2017
Le Soleil
Avec l’implantation du nouveau port, ce ne sera pas seulement la qualité de l’eau qui va déterminer l’usage de la plage de Beauport, mais aussi la présence de pétrolier en train de transborder sa cargaison. C’est ce qu’on apprend entre autres en lisant l’étude environnementale qu’a déposée le Port de Québec.
On apprécie la «transparence» du Port de Québec qui en fait répond aux exigences de la loi canadienne sur l’évaluation environnementale. Celle-ci demande au promoteur de faire une analyse de scénarios d’accidents graves, d’évaluer les conséquences et les mesures à prendre.
On peut y lire dans la section 7.1.2.6 : «Le futur terminal de vrac liquide, situé dans la zone d’agrandissement du Port de Québec, aura sept réservoirs à toit flottant contenant de l’essence, du biodiesel, du diesel et du jet fuel. Ces réservoirs émettront les contaminants suivants : benzène, éthylbenzène, hexane, naphtalène, styrène, toluène, xylène.»
Donc ce «vrac liquide», terme moins inquiétant qui est utilisé par le Port dans ses communications grand public, est en fait plein de produits sympathiques qui vont ensuite traverser mon quartier et plusieurs autres dans de beaux wagons noirs. C’est probablement déjà le cas, mais le Port envisage certainement une augmentation très importante puisqu’il désire attirer de très gros bateaux pour faire plein d’argent.
Dans la section 12 (tome 3) qui traite des accidents ou défaillances, on y trouve de belles cartes qui montrent les zones affectées par plusieurs scénarios catastrophe, mais aussi les mesures qui doivent être prises. Dans le scénario d’un accident lors d’un transbordement d’un navire (section 12.3.6.2), il est écrit : «Les mesures de prévention et d’atténuation qui suivent devront être mises en place… :
– Ne pas effectuer de transbordement de navires vers des réservoirs de produits volatils comme l’essence et le méthanol et l’éthanol lorsque la plage de Beauport est occupée par des populations vulnérables;
– Renforcir à l’aide de film de polymère les fenêtres des édifices de la plage de Beauport où des personnes pourraient se trouver.»
Avons-nous vraiment besoin de mettre en plein coeur de notre ville une grande concentration de produits aussi dangereux? Est-ce pour créer quelques emplois dans la ville canadienne qui a le plus bas taux de chômage? Qui va faire l’analyse catastrophe de milliers de wagons supplémentaires qui vont traverser la ville?
Et ce n’est pas tout, il y a pire à mon avis. Mais cela demande plus que l’espace d’une lettre du lecteur. À suivre…
Martial Van Neste, quartier Maizerets