Véronique Lalande jette l’éponge

Annie Morin, Le Soleil, publié le 22 novembre 2015

(Québec) Au terme d’une semaine mouvementée, Véronique Lalande démissionne du Comité de vigilance des activités portuaires (CVAP) et quitte la scène médiatique pour se concentrer sur ce qu’elle identifie comme sa mission première : documenter les effets des activités portuaires sur la vie des gens de Limoilou.

Mme Lalande a profité de la rencontre, jeudi, du CVAP pour faire part de sa décision mûrement réfléchie. Elle a publié sa lettre de démission sur le site Web de l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec en fin de semaine.

«Les résultats concrets en plus de deux ans sont bien minces, autant pour ce qui est des objectifs du CVAP que pour ce qui est de la problématique de fond pour laquelle il a été créé… et j’en ai toujours pour preuve l’état aujourd’hui de mon désormais célèbre bord de fenêtre» où la poussière s’accumule, écrit Mme Lalande. Elle appuie ses dires sur les deux bilans annuels du CVAP, qui faisaient déjà ressortir le peu d’avancées dans le dossier et le manque de collaboration du Port.

«La récente annonce d’une étude sur la qualité de l’air, significativement à côté des demandes formulées maintes fois par les citoyens et surtout négociées derrière des portes closes par trois des membres de ce comité, aura vraiment sonné le glas en ce qui nous concerne», poursuit la citoyenne.

Étude de la Santé publique

Lundi dernier, à quelques minutes du conseil municipal et à quelques heures d’un comité plénier portant sur le projet d’agrandissement du Port de Québec, la Ville de Québec a confirmé que le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale procéderait à une vaste étude sur la qualité de l’air dans Limoilou et les autres nuisances.

Le devis technique n’est pas publié encore, mais il sera discuté avec les membres du Comité intersectoriel sur la contamination environnementale dans l’arrondissement de La Cité-Limoilou. Ce comité sous la houlette du directeur de santé publique rassemble des entreprises du quartier Limoilou, le Port de Québec, la Ville de Québec et le ministère de l’Environnement, mais pas de simples citoyens.

Trois ans après le nuage de poussière rouge qui l’a fait sortir de l’anonymat, Mme Lalande conclut que le débat dans lequel elle s’est engagée est «stérile». «Bien qu’elle soit connue, simple et accessible, il n’y a aucune volonté du Port de Québec de s’engager librement dans la seule voie qui permettrait de régler le problème de façon permanente, soit la mise sous couvert intégrale pour le transbordement, la manutention et l’entreposage du vrac solide», souligne-t-elle, faisant le constat qu’il n’y a «aucune volonté politique» d’imposer un changement.

«Beaux parleurs»

Mardi, en comité plénier à l’hôtel de ville de Québec, le président-directeur général de l’Administration portuaire de Québec a estimé à 150 millions $ les investissements requis pour couvrir l’ensemble de ses lieux d’entreposage et de transbordement. Il a également plaidé que certains produits, notamment le charbon, pourraient être plus dangereux à couvert qu’à découvert.

C’est ce jour-là, devant tout le conseil municipal et alors que les échanges étaient télédiffusés, que le maire de Québec a écorché les citoyens qui s’opposent au Port de Québec.

«Je voudrais dire qu’il n’y a jamais eu d’ambiguïté dans ma tête et dans celle de mes collègues quant au support de la population. Il y a des gens qui parlent fort, qui sont des beaux parleurs, mais dont le poids est inversement proportionnel au nombre de paroles qu’ils prononcent», a-t-il déclaré dès sa première intervention. «J’ai envie de dire aux amateurs et aux apprentis sorciers : taisez-vous et laissez les scientifiques faire leurs preuves», a-t-il lancé plus tard en parlant de l’étude à venir sur la qualité de l’air. Devant les journalistes, il a ajouté qu’elle aurait comme «effet collatéral» de «clouer le bec» aux opposants.

Mme Lalande n’a pas caché au Soleil s’être sentie directement visée, mais elle assure que ce n’est pas la sortie du maire qui l’incite à battre en retraite. Elle pensait depuis un bon moment à revenir à la base de son implication citoyenne, soit la documentation des effets des activités portuaires sur la vie et surtout la santé des Limoulois. L’information continuera d’être diffusée par Internet.

«Je reviens avec bonheur à mon kit d’apprenti sorcier parce que c’est plus porteur et ça donne des résultats», résume la porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec. Avec son conjoint, Louis Duchesne, elle continuera aussi d’assumer le leadership des deux recours collectifs autorisés contre le Port de Québec et son locataire Arrimage Québec.

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