Stéphanie Martin, Journal de Québec, publié le 17 novembre 2015
Le Port de Québec a affirmé devant les élus du conseil municipal de Québec que son projet d’agrandissement est essentiel à sa survie. Mais il n’a pu préciser quelles activités s’y dérouleront et quelles marchandises y seront transbordées.
Les élus de la Ville de Québec ont reçu hier en comité plénier les représentants de l’administration portuaire, venus expliquer les tenants et aboutissants de leur projet de prolongement de la ligne de quai et de l’espace d’entreposage dans le secteur de Beauport.
Le président directeur général du Port, Mario Girard, a vanté les mérites du projet, qui assurerait la compétitivité du port. Mais encore plus, l’agrandissement est essentiel à la survie de l’infrastructure, a-t-il soutenu.
Le Port a des besoins importants en entretien de ses quais vieillissants. Le déficit d’entretien se chiffre à 310 millions $, plutôt que les 200 millions $ précédemment estimés. Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement de 9 millions $ par an est insuffisant pour répondre à ces impératifs, a-t-il dit. Beauport 2020 apporterait 12 à 18 millions supplémentaires. «Sans Beauport 2020, on ne s’en sortira pas. Beauport 2020 permettra de générer des profits suffisants pour s’attaquer au problème des infrastructures», a-t-il martelé.
Régis Labeaume a donné hier son appui sans réserve au projet. En réponses aux questions du maire, qui le pressait de préciser si la pérennité du port était menacée sans Beauport 2020, M. Girard a répondu que «la gestion de risque numéro un au Port est la pérennité. Sans Beauport 2020, il y aura certainement une situation extrêmement problématique et critique et il faudra trouver une autre solution. Et s’il y a une autre solution, moi je ne la connais pas.»
L’intervention de M. Labeaume lui a d’ailleurs valu d’être qualifié de «mascotte du Port» par le chef de l’opposition, Paul Shoiry.
Mario Girard a aussi souligné que l’APQ veut calquer le modèle de l’amphithéâtre en matière de suivi de projet «pour s’inspirer des meilleures pratiques».
Clients inconnus
Questionnée par plusieurs élus sur les opérations qui se dérouleront sur le terrain du port dans l’avenir, l’administration portuaire a maintes fois répété qu’elle ne pouvait pas les préciser. À la conseillère de Limoilou, Suzanne Verreault, et à Paul Shoiry, qui voulaient savoir s’il y aurait transbordement de produits pétroliers et quels types de vrac liquide y seraient entreposés, M. Girard a répondu qu’il ne pouvait dire pour l’instant qui seront ses clients dans l’avenir. Il a plaidé que chaque nouveau projet devra obligatoirement passer par son processus environnemental de participation citoyenne.
«Il va falloir continuer de travailler la relation de confiance avec la communauté», a évoquée Mme Verreault, sur l’absence de réponses pour le moment.
«Ils demandent un chèque en blanc», a exprimé Paul Shoiry. «Nous, les citoyens sont au cœur de nos préoccupations et basé sur ce qui s’est passé (au Port) dans les 10 dernières années, on doit être doublement prudents et poser plus de questions. Alors il n’est pas question de donner un chèque en blanc au Port.»
À couvert
Sur la poussière, le Port a assuré que toutes ses futures activités se feront à couvert mais qu’il est impensable économiquement que toutes les stations existantes soient recouvertes.
Le maire a insisté pour qu’on fasse la séparation entre les impacts économiques et environnementaux du projet. Ce qui a hérissé l’opposition, qui croit que le projet doit au contraire être considéré dans son ensemble.
Le Port assure que la population est favorable au développement de ses activités, se basant sur les résultats d’un sondage CROP qu’il a présentés rapidement.
Données publiques
Il a aussi annoncé en marge de sa présentation qu’il rendra publiques chaque jour sur son site Internet les données de sa station de mesure de la qualité de l’air située dans Limoilou.
Le pdg a insisté pour dire que le capteur n’a pas mesuré de concentrations plus élevées que la norme jusqu’à maintenant.
Par ailleurs, M. Girard s’est dit heureux de l’annonce faite lundi par le maire de Québec. Régis Labeaume a annoncé que la Ville de Québec garantirait le financement d’une étude de la santé publique de 440 000 $ sur la qualité de l’air dans Limoilou.
Le pdg a salué d’avance le travail «crédible et scientifique» qui sera effectué par des spécialistes indépendants.
Il a assuré que le Port mettra à la disposition des scientifiques toutes les données des stations d’échantillonnage situées sur son territoire. Le Port en a cinq dans le secteur de Beauport et trois dans le secteur du Foulon.