Avec la permission des citoyens

François Bourque, Le Soleil, publié le 10 novembre 2015

«Le port de Québec a été laissé un... (Le Soleil, Patrice Laroche)

«Le port de Québec a été laissé un peu à lui-même, estime Jean-Yves Duclos. Le gouvernement antérieur ne s’en est pas vraiment occupé.» Cela explique, croit le député de Québec, «qu’un bon degré de méfiance s’est installé avec les années». (Photo: Patrice Laroche, Le Soleil)

(Québec) CHRONIQUE / Il faudra une «acceptabilité sociale» avant d’autoriser le projet d’agrandissement du Port de Québec, prévient le nouveau ministre Jean-Yves Duclos.

L’argument économique ne suffira pas, ni celui de l’environnement. Il faudra que les citoyens l’acceptent. «Si ça se passe mal, ça n’ira pas de l’avant», avertit-il.

«Le gouvernement donne les permis, mais c’est la population qui donne la permission», explique M. Duclos, reprenant les mots de son chef Justin Trudeau pendant la campagne.

Le gouvernement libéral aura les choses à l’oeil.

«Le port de Québec a été laissé un peu à lui-même, estime le député de Québec. Le gouvernement antérieur ne s’en est pas vraiment occupé.» Cela explique, croit-il, «qu’un bon degré de méfiance s’est installé avec les années».

M. Duclos souhaite un «plus grand accompagnement». Il n’a pas dit encadrement, mais il faut savoir lire entre les lignes.

J’ai été surpris par la fermeté du ton. J’avais jusqu’ici trouvé le nouveau ministre de la Famille prudent et posé, presque trop, tant il était soucieux de ne froisser personne.

La mise en garde sur l’acceptabilité sociale marque un virage par rapport au gouvernement Harper, moins sensible aux enjeux d’environnement et d’opinion publique.

Cela dit, on ne sautera pas trop vite aux conclusions. Le nouveau gouvernement n’annonce pas l’abandon du projet d’agrandissement du port.

Il rehausse cependant la barre au moment où le Port amorce son étude d’impact et des consultations publiques.

J’étais curieux d’entendre le réputé professeur expliquer en quoi le fait d’allonger un quai ou d’ajouter un entrepôt ajoute tant dans l’économie locale. Surtout si c’est pour y déposer des marchandises en transit entre un train et un bateau.

Je n’ai eu qu’une réponse générale. Les économistes ont leurs spécialités; l’analyse des retombées économiques n’est pas celle du nouveau ministre.

Tout au plus convient-il qu’il y a «des activités qui génèrent plus de retombées et d’emplois que d’autres».

«Je ne crois pas nécessairement aux statistiques du port, dit-il, mais je crois à l’importance du port dans la région de Québec».

Pour l’instant, c’est cependant sur l’environnement et l’acceptabilité sociale qu’il va mettre «plus d’emphase».

Il n’y a pas que le port. Le virage «vert» du gouvernement fédéral pourrait avoir un impact sur d’autres enjeux régionaux.

Les libéraux ont promis d’investir dans les infrastructures vertes, sociales et de transport. «L’avenir de l’économie est un avenir qui est vert», croit le ministre Duclos.

Sans qu’on le lui demande, il évoque les «coûts de la congestion à Québec» et croit qu’on «peut faire mieux».

Il jette les idées en rafale : plus de transport collectif, transport privé plus efficace, covoiturage, meilleure utilisation des voies de circulation de «l’intelligence des nouvelles technologies».

Puis il s’arrête : «Vous voyez que je patine un peu», s’amuse-t-il.

L’élargissement des autoroutes est-il compatible avec une économie verte?

«Excellente question», dit-il.

«On ne peut pas l’exclure, mais de plus en plus, les préoccupations vont être de nature économie verte et transport durable.»

La Ville de Québec a renoncé à un tramway. Votre avis?

«Je suis ouvert à tout», dira-t-il prudemment.

Ce fut le mot clé de l’entrevue au Soleil. «Ouvert à tout.»

Il le répétera chaque fois qu’il hésite devant un scénario dont il n’a pas encore pu mesurer tous les aspects. C’est vague, mais ça change des dogmes et des a priori rigides.

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