Annie Morin, Le Soleil, publié le 22 octobre 2015
(Québec) L’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE) a resserré les lignes directrices pour la préparation de l’étude d’impact environnemental du projet d’agrandissement du Port de Québec. Le promoteur devra notamment «faire la démonstration que le territoire actuel ne suffit pas pour mener à bien les activités à venir», mais il n’aura pas besoin de documenter les effets environnementaux de ses activités actuelles.
Une version provisoire des lignes directrices avait été proposée au public dès le mois d’août. Vingt-trois personnes et groupes, dont l’Administration portuaire de Québec (APQ), plus cinq ministères fédéraux et le gouvernement du Québec ont donné leur avis sur ce que devrait contenir l’étude d’impact environnemental.
Le document final est apparu dans Internet vendredi. Dès les premières phrases, il est précisé que ce sont les changements environnementaux pouvant entraîner des effets négatifs sur des secteurs de compétence fédérale qui seront étudiés. Détail : au lieu d’une évaluation «complète» des effets environnementaux, l’ACEE parle désormais d’une évaluation «approfondie».
Parmi les ajouts, on peut lire dans la section «raison d’être du projet» qu’il faudra «faire la démonstration que le territoire actuel ne suffit pas pour mener à bien les activités à venir». Il faudra aussi «identifier les autres moyens de réaliser le projet, incluant tous les sites alternatifs considérés».
Alors que des intervenants souhaitaient que le fédéral fasse le tour de la question de la qualité de l’air, l’ACEE a simplement ajouté «les métaux et les métalloïdes» à la liste des contaminants devant être pris en compte par le Port. Elle demande aussi d’«identifier les sources de rejets atmosphériques directs et indirects» mais pas de quantifier ces rejets.
Quant à l’analyse du bruit, elle devra tenir compte du règlement municipal en plus des normes québécoises.
L’ACEE a entendu les commentaires du maire de Québec, Régis Labeaume, qui demandait de tenir davantage compte des «humains». Ainsi, on demande maintenant un portrait sanitaire et économique «afin de minimiser les effets du projet sur la santé de la population». L’impact de l’allongement des quais et du remodelage sur les activités récréotouristiques devra également être étudié par le Port.
Dans son plan de consultation publique, contesté puis accepté par le gouvernement du Québec, l’agence fédérale a ajouté deux séquences inhabituelles. Ainsi, les lignes directrices seront présentées à des groupes-cibles – qui ne sont pas encore identifiés – et une rencontre de type «portes ouvertes» sera organisée pour le public en général. Des fonctionnaires seront là pour répondre aux questions. Même chose après le dépôt de l’étude d’impact environnemental du promoteur. Des séances de consultation publique en bonne et due forme suivront.
Quelques avancées
Véronique Lalande, porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec, reconnaît quelques avancées dans les lignes directrices, mais s’étonne de ne voir apparaître le mot poussière nulle part. «On oublie la situation actuelle et les nuisances au quotidien», déplore-t-elle. Enfin, Mme Lalande croit que l’ACEE s’est empressée de sortir son document juste avant les élections, au cas où un nouveau gouvernement serait élu et remettrait le processus en question.
Les libéraux fédéraux sont d’accord avec l’agrandissement du Port de Québec, à condition qu’il y ait une évaluation rigoureuse des effets environnementaux.