«Inacceptable» que le port achète les terrains de Rabaska, selon le GIRAM

STÉPHANIE MARTIN, Journal de Québec, jeudi, 6 avril 2023

Il est «inacceptable» que le Port de Québec se porte acquéreur des terrains du défunt projet Rabaska, à Lévis, juge un groupe d’experts, qui repart en bataille pour la préservation de ces terres et interpelle le gouvernement.

Le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM), formé d’experts en aménagement du territoire, environnement et patrimoine, se dresse contre la vente annoncée des terrains de Rabaska, de vastes terres situées dans l’est de Lévis, à la frontière de Beaumont.

Le Port a récemment obtenu l’autorisation du gouvernement fédéral de faire l’acquisition des 272 hectares qui appartiennent à Rabaska, une entreprise qui voulait y aménager un port méthanier, un projet qui est tombé à l’eau.

Après des années de lutte contre Rabaska, le GIRAM reprend le collier. Pour lui, c’est «inacceptable politiquement, socialement et environnementalement», et c’est «discutable sur le plan économique». 

Les membres du groupe ont convoqué les médias près du site, au Moulin de Vincennes, à Beaumont, jeudi. 

«On défend les générations futures. On le fait pour la pérennité du territoire», a exprimé le géographe Gaston Cadrin, vice-président du GIRAM. 

Le GIRAM souligne que le lieu présente des «contraintes géophysiques majeures et difficilement surmontables en vertu des lois environnementales». Il craint un impact majeur sur «le paysage exceptionnel», situé en face de l’île d’Orléans, un «gâchis à venir pour l’environnement fluvial», une implantation potentielle d’un complexe pétrolier et les «effets déstructurants sur le tissu social».

PM interpellé

Le Groupe interpelle le gouvernement, a mentionné le président, Pierre-Paul Sénéchal. «On rappelle au gouvernement du Québec ses obligations. Il est garant de l’intégrité du territoire québécois. Cette amputation de 272 hectares est substantielle et le gouvernement du Québec ne devrait pas l’accepter.» Il a l’intention d’interpeller le premier ministre lui-même.

Il va aussi tenter de rencontrer la Ville de Lévis et l’inciter à «poser les gestes qu’il faut pour retarder les ambitions du Port». La Ville a des moyens de le faire, notamment en créant une réserve pour fins publiques.

L’UPA du côté du GIRAM

Le président de l’Union des producteurs agricole (UPA) Chaudière-Appalaches, James Allen, a confirmé que l’UPA se rangerait du côté du GIRAM. «C’est certain que si le GIRAM veut nous rencontrer, on va être avec eux. Ces terres en culture, on apprécierait beaucoup qu’elles reviennent dans le milieu agricole.» Les terres servent actuellement à l’agriculture, on y cultive la pomme de terre, souligne-t-il, ce qui signifie que le sol est de très bonne qualité. Dans un contexte où le Québec fait la promotion de l’autonomie alimentaire, ces cultures sont très importantes, soutient-il.

«Ça fait partie de l’ensemble des arguments pour la préservation de la vocation agricole. Le plus grand esclavage, c’est le manque. Quand on n’est pas capables de se nourrir, on est dépendants des autres.»

Du côté du Port, le porte-parole Frédéric Lagacé affirme qu’aucun projet n’est encore dans les cartons pour ces terres, qui serviront de réserve foncière, et que les membres de la communauté seront consultés dans l’élaboration d’un futur projet, qui de toute façon ne verra pas le jour avant plusieurs années. 

«Nous tenons à rassurer les citoyens. Comme cela a été dit à plusieurs reprises, le Port de Québec entend faire preuve d’exemplarité dans le développement du territoire de Lévis-Est.»

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