La Baie de Beauport ou la quadrature du cercle

Lettre ouverte publiée dans Le Soleil le 20 août 2008

LÉONCE NAUD, Géographe, Québec
Au début des années 80, une plage péninsulaire est apparue devant Beauport, résultat inattendu de remblaiements massifs dans le fleuve effectués par le port de Québec depuis les années soixante. En effet, le port souffre d’un manque chronique de terrains de vaste étendue et de surface plane : il jouit d’un « site plaisant mais contrariant pour le commerce et l’industrie » (Faucher, 1973). La géographie de Québec, ville acropole juchée sur sa falaise, est moins propice à décharger des navires qu’à tirer du canon. Voilà pourquoi l’administration portuaire n’a de cesse d’augmenter son domaine foncier à même le fleuve, à grands renforts de fonds publics.
Au début des années 80, une plage péninsulaire est apparue devant Beauport, résultat inattendu de remblaiements massifs dans le fleuve effectués par le port de Québec depuis les années soixante. En effet, le port souffre d’un manque chronique de terrains de vaste étendue et de surface plane : il jouit d’un « site plaisant mais contrariant pour le commerce et l’industrie » (Faucher, 1973). La géographie de Québec, ville acropole juchée sur sa falaise, est moins propice à décharger des navires qu’à tirer du canon. Voilà pourquoi l’administration portuaire n’a de cesse d’augmenter son domaine foncier à même le fleuve, à grands renforts de fonds publics.
De nouveau remblayer le fleuve ?
Depuis trois décennies, une plage apparue inopinément à l’extrémité de la péninsule industrialo-portuaire de Beauport a été de plus en plus fréquentée par la population. La création par remblaiement d’un prolongement industrialo-portuaire de plus d’un demi kilomètre entraînera des effets délétères assurés et irréversibles sur un site récréatif régional dont on vient de parachever le réaménagement au coût de 19 millions de dollars de fonds publics. Parmi ceux-ci :
– Obstruction du panorama fluvial, élément d’attraction premier et fondamental du site;
– Diminution de près de la moitié de la longueur utilisable de la plage;
– Réduction de la surface navigable près du rivage, compromettant la pratique de catamarans, dériveurs, kitesurfs, planches à voile;
– Juxtaposition malaisée du récréotourisme et de l’industriel portuaire lourd;
– Réduction de l’attractivité future du fleuve pour tout l’est de la capitale;
– Frein à la croissance des activités récréotouristiques et révision à la baisse des retombées économiques et sociales d’un équipement public aménagé à grands frais, dont la Ville devra assumer l’entretien durant les 30 prochaines années.
Rappelons que Québec jouit de fort peu d’accès publics au fleuve dignes de ce nom pour une ville touristique de son importance. Cette situation regrettable n’est pas sans entraîner de lourdes pénalités économiques. Quelques trottoirs, promenades ou quais ne permettent qu’une déambulation moutonnière ou la contemplation à distance du « majestueux Saint-Laurent ». Les aménagements récents ne font pas exception à la règle : « Qu’ils contemplent le fleuve tant qu’ils voudront…pourvu qu’ils nous laissent le gérer et en tirer profit à notre guise ».
Il serait donc contre-indiqué d’amputer près de la moitié d’une importante plage régionale alors qu’est censé progresser le retour au fleuve maintes fois promis à la population.

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