ÉMILIE PELLETIER et JUDITH DESMEULES, Le Soleil, publié le 26 août 2022
Un an après l’accident qui a coûté la vie à quatre personnes sur l’autoroute Dufferin-Montmorency, l’administration Marchand fait du dossier de la transformation du secteur en boulevard urbain une demande ferme en vue des élections, a appris Le Soleil.
«La transformation de l’autoroute Dufferin-Montmorency fera partie des demandes que nous transmettrons aux partis provinciaux, pour qu’un prochain gouvernement s’engage à étudier et apporter les modifications nécessaires pour rendre ce secteur plus sécuritaire et plus convivial», confirme l’attaché de presse Thomas Gaudreault dans une déclaration au Soleil.
Le maire Bruno Marchand doit dévoiler sa liste d’épicerie mardi.
L’idée n’est pas nouvelle, elle avait déjà été évoquée en campagne électorale, entre autres par le parti du maire. Candidat défait de Québec forte et fière dans le district de Robert-Giffard, Maxime Dion en faisait en effet son principal engagement. Question de sécurité et pour redonner l’accès au fleuve aux citoyens. La conseillère élue, Isabelle Roy, fait partie de l’équipe de Québec d’abord, dont l’ancienne cheffe, Marie-Josée Savard, avait également porté la promesse lors des dernières élections municipales.
Mais voilà que l’idée passe à la requête. Le maire Marchand interpellera ainsi Québec sur cet enjeu.
Triste anniversaire
Cette demande survient, à quelques jours près, un an après l’accident mortel qui s’était déroulé sur l’autoroute Dufferin-Montmorency, à l’angle du boulevard François-de-Laval en 2021.
Même si la Ville de Québec ne dresse aucun lien avec le triste anniversaire, sa décision n’est pas sans raviver des souvenirs du tragique événement qui a décimé une famille de Québec. Le 2 septembre, un chauffard qui roulait dangereusement dans le secteur a embouti un véhicule immobilisé à la lumière rouge de ce carrefour. Les quatre personnes à bord ont perdu la vie: Shellie Fletcher, son père James et ses deux enfants, Jackson et Emma.
Éric Légaré a été accusé de conduite avec les facultés affaiblies causant la mort, puis a été condamné à 16 ans de pénitencier, la plus lourde peine jamais imposée pour un chauffard au Québec.
Même si l’alcool est la cause principale de ce tragique accident, la configuration de ce secteur routier à haute vitesse est aussi remise en question par plusieurs acteurs engagés, citoyens et politiciens.
Environ une vingtaine d’accidents sont survenus dans le même secteur depuis les cinq dernières années, mais le ministère des Transports (MTQ) ne le considère pas comme «accidentogène». Toutefois, la voix de plusieurs groupes s’est maintes fois élevée pour réclamer une réorganisation plus sécuritaire de ce tronçon de route. La limite de vitesse y est fixée à 70 km/h à l’approche du boulevard François-de-Laval, mais la majorité des automobilistes roulent à 100 km/h, comme sur l’autoroute.
Quelles solutions?
Le ministre des Transports, François Bonnardel, avait dit l’an dernier attendre les conclusions des rapports du coroner avant d’entamer quelconque action. Les conclusions «pourraient orienter les réflexions du Ministère quant aux actions à poser», dit-on.
En attendant, des discussions ont eu lieu avec les corps policiers pour accroître la surveillance, mais la configuration du secteur «permet difficilement d’effectuer une surveillance policière de façon sécuritaire pour tous», soutient Nicolas Vigneault, porte-parole du ministère des Transports. «C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la piste du radar photo est actuellement étudiée», précise-t-il.
Des tests et relevés de vitesse ont en effet été effectués pour mesurer la possibilité d’installer un cinémomètre. lL’analyse est d’ailleurs en voie d’être complétée, afin de déterminer si un tel outil, à l’endroit le plus approprié, pourrait bel et bien inciter les automobilistes à ralentir.
«Si les équipes spécialisées du Ministère concluent que l’implantation d’un radar photo est nécessaire, les travaux d’implantation devraient être complétés dès la fin de l’automne 2022», selon le porte-parole.