Laurentia : l’embauche d’une ex-fonctionnaire fédérale par le Port de Québec dérange

Félix Morrissette-Beaulieu, Radio-Canada, publié le 20 janvier 2021

Des opposants au terminal Laurentia critiquent l’embauche d’une ancienne fonctionnaire fédérale par l’Administration portuaire de Québec, alors que le processus qui doit mener à l’approbation du projet par le fédéral tire à sa fin.

Anne-Marie Gaudet, qui est depuis le printemps 2020 Vice-présidente des Affaires publiques et responsabilité citoyenne au Port de Québec, occupait autrefois le poste de Directrice du Bureau régional du Québec à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC).

À la demande du Port de Québec(Nouvelle fenêtre), l’Agence a récemment décidé de suspendre le dépôt de son rapport final. Ce rapport concernant les risques environnementaux associés au projet doit être pris en compte par Ottawa avant de donner son aval à Laurentia.

Selon le groupe Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec, cette « proximité » entre Mme Gaudet et l’Agence soulève des doutes quant à l’intégrité du processus.

L’Initiative demande au Port de Québec de préciser tous les moyens mis en place depuis le départ de Mme Anne-Marie Gaudet, et son embauche par le promoteur, afin de limiter les conflits ou l’apparence de conflits d’intérêts.

Conjointe d’un ministre

Mme Gaudet est aussi la conjointe du nouveau ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

Le conseil des ministres aura à rendre la décision finale d’autoriser ou non le projet, souligne le groupe Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec.

Conscient de cette proximité, le ministre Champagne indique avoir mis en place lui-même des mesures pour éviter les conflits d’intérêts.

Même si aucun conflit d’intérêts n’est survenu […] et que le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique n’avait pas déterminé qu’un filtre était nécessaire, j’ai demandé à ce qu’un filtre anti-conflits d’intérêts soit créé afin d’éviter toute perception d’un traitement de faveur et de prévenir une situation de conflit d’intérêts dans l’exercice de mes fonctions, indique le ministre.

Cette mesure a pour but que M. Champagne ne participe à aucune décision ou discussion, débat ou vote autres que ceux de portée générale ou qui le touchent au même titre qu’une vaste catégorie de personne à l’égard de Mme Gaudet.

Surveillance

Le Port de Québec assure que Mme Gaudet n’est pas impliquée dans les relations entre l’administration portuaire et son ancien employeur, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada.

Mme Gaudet est assujettie à la politique fédérale d’après-mandat. L’Administration portuaire de Québec s’assure en tout temps que cette politique est suivie à la lettre, explique le porte-parole Frédéric Lagacé.

Selon le Port, les discussions récentes concernant la suspension du dépôt du rapport de l’Agence sont faites uniquement par l’entremise du directeur principal du projet Laurentia, M. Hugues Paris.

Transparence

En accord avec le projet Laurentia, le Parti conservateur du Canada demande à ce que tout soit mis en place pour éviter de potentiels conflits d’intérêts.

Il faut voir à ce que l’éthique et la transparence soient respectées, croit le député de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles, Pierre Paul-Hus. On ne veut pas qu’il y ait de conflit d’intérêts .

Pour ce faire, M. Paul-Hus demande à ce que le ministre Yves Duclos soit l’interlocuteur privilégié dans le dossier Laurentia.

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