JEAN ROUSSEAU, chef de Démocratie Québec (DQ)
Le Soleil, publié le 21 décembre 2020
POINT DE VUE / Le projet de conteneurs Laurentia générera une charge polluante qui s’ajoutera à une pollution atmosphérique dépassant déjà les limites acceptables. Les impacts sur le paysage de la baie de Beauport et son usage récréotouristique suscitent également de nombreuses craintes. Avec l’aide de deux experts indépendants, Messieurs Gaston Déry et Jean Baillargeon, Démocratie Québec en conclut que le projet Laurentia n’est pas acceptable socialement. Pour ces raisons, Démocratie Québec s’oppose au projet Laurentia dans sa forme actuelle.
Il pourrait en être autrement. Démocratie Québec propose des voies de passage pour rapprocher la communauté et l’administration portuaire de Québec. Une entreprise ne peut plus simplement invoquer les retombées économiques, aussi importantes soient-elles, sans mentionner les effets escomptés auprès de la population. Avec le projet Laurentia, les résidants vivant à proximité des installations portuaires ne verront aucune amélioration de leur qualité de vie. Dans le cadre du mémoire de Démocratie Québec soumis à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, j’ai collaboré avec MM. Déry et Baillargeon pour mettre de l’avant un ensemble de sept propositions qui s’inscrivent dans une approche de responsabilité sociale.
• Que le Port de Québec élimine ses activités polluantes avant d’envisager des activités d’expansion.
• Que le Port de Québec transfère ses activités de transbordement du vrac du secteur Limoilou vers un autre site.
• Que le Port de Québec utilise le site laissé vacant par le départ des activités de vrac dans le secteur Limoilou pour y implanter un terminal de conteneurs.
• Que l’administration portuaire de Québec s’engage à ce que l’ensemble de ses activités deviennent carboneutres dans un horizon de temps réaliste.
• Que l’administration portuaire de Québec crée un Fonds souverain des citoyens dont les revenus proviendraient de ceux de l’administration. Ce fonds viserait l’amélioration de la qualité de vie des citoyens vivant dans les secteurs en périphérie du Port.
• Que l’on réglemente sévèrement le camionnage lourd et le transport ferroviaire dans la desserte des installations du Port de Québec.
• Que l’on prévoie des mesures pour éviter l’infiltration du crime organisé international sur le site du Port de Québec, si le projet Laurentia va de l’avant.
L’Administration portuaire de Québec (APQ) a mis en place des mesures d’atténuation comme des canons à eau pour rabattre les poussières des matières en vrac sur ses quais. Malgré ce geste, des épisodes de poussières sont toujours présents. Pour regagner la confiance de la communauté environnante, l’APQ doit poser un geste fort consistant à éliminer les activités polluantes dans les installations du Port. Libéré des matières en vrac, le site permet d’envisager un projet de conteneurs Laurentia 2.0. On protège ainsi la baie de Beauport, les paysages et les retombées économiques de l’industrie récréotouristique. La mise en place de mesures de carboneutralité serait un parfait exemple d’une volonté de réduire au maximum les activités polluantes sur les quais et lorsque les navires sont à quai.
La création d’un Fonds souverain des citoyens est une mesure de partage de la richesse. C’est une façon de redonner à la communauté. À partir des revenus du Port, un tel fonds permettrait aux citoyens de mettre de l’avant des projets qui bénéficient à la communauté environnante.
La circulation de transit de poids lourds est un enjeu qui interpelle la mairie et le gouvernement du Québec. Des gestes doivent être posés pour diriger la circulation des camions hors des rues municipales et des boulevards Henri-Bourassa, Charest et Champlain. Il en va de la sécurité et des efforts pour diminuer la pollution de l’air. Le trafic ferroviaire est aussi problématique avec un terminal de conteneurs avec de longs convois ferroviaires.
Il faudra trouver des moments de la journée qui affectent le moins possible le sommeil des riverains et la circulation automobile.
Un des angles morts du présent débat est la présence d’activités criminelles mafieuses dans les ports de conteneurs canadiens de Halifax, Montréal et Vancouver. Un rapport de Sécurité publique Canada documente ces agissements et les préoccupations soulevées. C’est un débat qui doit avoir lieu.
Les propositions mises de l’avant par Démocratie Québec visent à insuffler une nouvelle dynamique dans les relations entre l’APQ et les citoyens vivant aux abords des installations portuaires. C’est une opportunité pour l’APQ de montrer un leadership en responsabilité sociale. Ce sont des voies de passage qui permettent une coexistence harmonieuse entre le Port et la Ville.