Une vidéo suggère pourtant exactement le contraire
Alexandre Duval, Radio-Canada, publié le 8 décembre 2020
Après avoir essuyé plusieurs critiques, la haute direction de l’Université Laval nie avoir déjà soutenu le projet d’agrandissement du Port de Québec. Pourtant, en juin dernier, la rectrice apparaissait dans une vidéo promotionnelle du projet Laurentia.
Dans un message publié sur le site web de l’Université, lundi en fin de journée, l’administration dément avoir déjà soutenu ce projet sur la place publique.
Le partenariat entre l’Université Laval et le Port de Québec n’a jamais visé le projet Laurentia, assure la missive : c’est plutôt la Zone d’innovation Littoral Est qui a toujours été au coeur de cette alliance.
« Toute personne qui aura suivi le dossier aura constaté que l’Université ne s’est pas prononcée sur la proposition d’affaires du projet Laurentia, ni sur le rapport d’évaluation environnementale. » (Extrait d’un message diffusé le 7 décembre par la direction de l’Université Laval)
Or, une vidéo disponible sur la chaîne YouTube du Port de Québec semble démontrer exactement le contraire.
Dans cette publicité datée de juin dernier, la rectrice de l’Université Laval y qualifie le projet Laurentia d’ambitieux
et le compare à une vitrine exceptionnelle pour mettre en évidence le talent des gens de Québec
.
Cette contradiction n’a pas échappé la coalition La Planète s’invite à l’Université. Derrière cette « mise au point » se cache plutôt une stratégie de l’Université Laval pour tenter de sauver sa précieuse réputation
, a réagi le groupe sur sa page Facebook.
La rectrice Sophie D’Amours a de nouveau décliné notre demande d’entrevue.
Un partenariat qui sème la confusion
Le 31 août dernier, Mme D’Amours se trouvait aussi à la même conférence de presse que le président-directeur général du Port de Québec pour aborder la question de la relance économique.
Lors de cet événement, il est vrai que Mme D’Amours a insisté sur le fait que l’Université Laval pourrait jouer un rôle central
dans le développement de la Zone d’innovation Littoral Est.
Or, le PDG du Port a fait un lien entre les deux projets. Mario Girard a en effet rappelé que le Port s’était associé à plusieurs organisations industrielles ou de recherche, dont l’Université Laval.
« En s’associant avec sept grands joueurs […] le projet Laurentia va permettre de faire de Québec un des chefs de file mondiaux de l’innovation technologie pour l’industrie maritime. » (Mario Girard, PDG du Port de Québec, lors d’une conférence de presse le 31 août 2020)
Dans son message publié lundi soir, l’Université Laval tenait visiblement à s’en distancer.
C’est dans le cadre du projet de la Zone d’innovation Littoral Est de la Ville de Québec, projet distinct de Laurentia, que nous avons développé un partenariat de recherche avec le Port de Québec
, écrit la direction.
Or, quelques semaines après la conférence de presse du 31 août, la rectrice de l’Université signait une lettre ouverte dans laquelle elle glissait quelques mots sur le projet Laurentia et les possibles apports de son institution.
Si le projet Laurentia va de l’avant et obtient les approbations requises
, écrivait-elle, l’expertise des chercheurs de l’Université pourrait être mise à contribution afin d’aider l’industrie du transport maritime québécoise et mondiale à devenir plus propre, plus verte et plus performante
.
Des critiques
Au cours des dernières semaines, cette séquence d’événements n’a pas manqué de faire réagir les associations étudiantes, notamment, qui se sont prononcées contre le projet Laurentia.
Le Syndicat des professeurs de l’Université Laval a quant à lui mené un sondage pour connaître la perception de ses membres par rapport à cette affaire.
Une majorité écrasante des répondants, soit 79 %, se disait en désaccord avec le prétendu soutien de la rectrice envers la construction d’un terminal de conteneurs en eau profonde.
Lundi soir, la direction de l’Université a aussi mis en ligne une page informative qui résume ce qu’est la Zone d’innovation Littoral Est ainsi qu’un document questions et réponses
.