Olivier Bossé, Le Soleil, publié le 11 mars 2020
«C’est un gros projet, mais je ne veux pas m’y opposer de facto. Par contre, je veux qu’il soit évalué en fonction de la loi québécoise», insiste M. Gaudreault, rencontré mercredi avant un 5 à 7 partisan tenu à la Brasserie générale, dans le quartier Limoilou, à Québec.
Candidat dans la course à la chefferie du Parti québécois, le député de Jonquière et ex-ministre des Transports (2012-2014) a profité de ce rassemblement dans la capitale pour annoncer ses couleurs dans le dossier Laurentia, projet de construction d’un terminal de conteneurs en eau profonde dans le Port de Québec.
On l’a aussi appelé Beauport 2020. Mais l’Agence d’évaluation d’impact du Canada ne donnera pas sa réponse avant la fin de l’année et les travaux débuteront au plus tôt en 2021.
La Loi sur la qualité de l’environnement du Québec et le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) n’auront toutefois rien à dire sur le sujet. La cour a statué à deux reprises qu’étant de compétence fédérale, le port peut se soustraire aux lois provinciales.
«Le port réclame du soutien financier des ministères des Transports et du Développement économique pour son projet Laurentia. Mais quand vient le temps de se soumettre aux lois du Québec, il dit non! Alors comme chef du Parti québécois, je demanderais au gouvernement de François Legault d’entamer des négociations avec le gouvernement fédéral pour obtenir le transfert du Port de Québec sous la juridiction du Québec», affirme M. Gaudreault.
«Si M. Legault refuse, ça démontrera encore une fois son nationalisme de pacotille. Et si je suis élu premier ministre en 2022, je vais mandater mes ministres des Transports et des Relations intergouvernementales canadiennes pour négocier avec le gouvernement fédéral le transfert du Port de Québec sous juridiction québécoise et s’assurer que la Loi sur la qualité de l’environnement du Québec s’applique.»
Le péquiste pointe des différences dans les critères d’évaluation canadiens et québécois. Par exemple, loi québécoise considère le bruit comme un contaminant, mais pas la loi canadienne.
Le projet évalué à 775 millions $ annonce l’équivalent de 700 000 conteneurs par année, le passage d’un camion chaque trois minutes et demie et d’un train de 90 wagons six jours sur sept.
«Ça va faire plus de conteneurs sur les routes et plus de trains dans un coin comme Beauport. C’est sûr qu’il va y avoir du bruit», constate celui qui croit que le premier ministre Legault et son ministre des Transports, François Bonnardel, devraient être d’accord, puisqu’ils ont contesté la première décision de la cour supérieure favorable au port.
Le transfert d’un port fédéral sous juridiction provinciale n’est pas une lubie. Le 30 mars, le gouvernement prendra possession des ports de Rimouski, Matane, Gaspé et Gros-Cacouna, tandis que des discussions sont en cours pour celui de Baie-Comeau.
Le programme ne s’applique pas aux ports plus imposants des 17 administrations portuaires autonomes régies par la Loi maritime du Canada, dont font partie les ports de Québec, Montréal, Trois-Rivières, Saguenay et Sept-Îles. «Mais s’il y a une volonté politique, la loi prévoit une manière de dissoudre cette instance et de faire le transfert», dit M. Gaudreault.
Cinq autres candidats sont dans la course à la direction du PQ : l’humoriste Guy Nantel, l’avocat Paul St-Pierre-Plamondon, l’historien Frédéric Bastien, l’avocate Gloriane Blais et l’homme d’affaires Laurent Vézina. La période de mise en candidature se termine le 9 avril.
Deux grands débats opposeront ensuite les candidats : le 17 avril, au Collège Maisonneuve de Montréal, et le 9 mai, à l’hôtel Best Western de Drummondville. Les résultats seront dévoilés le 19 juin, à Québec, après cinq jours de vote par Internet ou par téléphone.