Jean-Michel Genois Gagnon, Le Journal de Québec, publié le 11 juin 2020
Une centaine de détaillants canadiens, dont certains géants du commerce de détail, se rangent derrière le Port le Québec pour la réalisation de son projet de terminal de conteneurs Laurentia évalué à 775 M$. Du côté de Montréal, le Port craint les impacts de ce chantier sur ses activités.
Le Journal a obtenu une liste de 91 noms d’entreprises qui souhaiteraient utiliser ces installations dans la Capitale-Nationale afin de couper leurs frais de transport. Rappelons que le projet n’a toujours pas obtenu le feu vert des autorités gouvernementales.
«Cela vient justifier nos démarches. Ce sont des compagnies qui y voient des avantages», indique le PDG du Port de Québec, Mario Girard.
Parmi les entreprises désirant ce nouveau terminal en eau profonde, on trouve entre autres Congebec, Produits forestiers Résolu et Breton Tradition 1944. La majorité des compagnies ayant levé la main ont toutefois préféré ne pas être nommées afin de ne pas nuire à leur relation d’affaires avec d’autres ports.
«Les marchés internationaux sont très concurrentiels, et le terminal de conteneurs de Québec offrira aux exportateurs […] un accès à des navires et à des trains plus grands, ce qui permettra de réaliser d’importants gains d’efficacité», a indiqué Karen Roach, vice-présidente optimisation des entreprises du secteur des pâtes et papiers chez Produits forestiers Résolu.
Début 2021
L’Administration portuaire de Québec espère démarrer son chantier en 2021. Un projet qui lui permettrait de faire bondir de 50% son chiffre d’affaires qui tourne actuellement aux alentours de 43 M$.
La facture de ce nouveau terminal, dont l’ouverture pourrait se faire en 2024, serait payée par les entreprises Hutchison Ports, le CN et le Port de Québec.
«Ce nouveau terminal ferait économiser des coûts aux grands transformateurs alimentaires. Cela va aussi nous rendre plus efficaces», répond pour sa part Nicholas-P. Pedneault, président et chef de la direction chez Congebec.
Dans une récente étude commandée par le Port de Québec et réalisée par le professeur Alain Dubuc de HEC Montréal, on peut lire que l’ouverture de ce nouveau terminal qui traiterait 700 000 conteneurs «équivalent 20 pieds» aurait un impact sur les activités du Port de Montréal.
La nouvelle installation sera également en concurrence avec les ports de Norfolk en Virginie, de New York/New Jersey et de Halifax.
M. Dubuc estime que Québec pourrait ravir environ 190 000 conteneurs à Montréal. La croissance des activités dans ce secteur devrait toutefois venir atténuer cet impact. C’est principalement le taux de croissance annuel du Port de Montréal qui pourrait en souffrir, passant de 3,5 % à 2,5 %.
Rappelons que le Port de Montréal s’apprête à investir dans un terminal portuaire de conteneurs à Contrecœur. La direction confirme d’ailleurs être « préoccupée » par le projet de Québec.
«On craint la création d’une surcapacité en manutention de conteneurs sur le Saint-Laurent. Personne ne serait gagnant dans cette situation, ni les ports ni les investisseurs. On se retrouverait avec des installations sous-utilisées. Les retours sur les investissements seraient vraiment douteux. Tout le monde perdrait au change», avance Sophie Roux, vice-présidente affaires publiques au Port de Montréal.