Baptiste Ricard-Châtelain, Le Soleil, publié le 19 juin 2019
«Enfin!» s’est réjoui le maire de Québec, Régis Labeaume, en rappelant que le dossier a été «assez compliqué».
Qu’est-ce qui bloquait? Le gouvernement devait convaincre le CN de déplacer ses rails vers la falaise, aux frais des contribuables, pour laisser libre accès au fleuve, explique la ministre responsable de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault. Cette négociation aurait été «corsée». Plus que l’autre, avec le Port de Québec dont certains terrains étaient réquisitionnés.
Mais, tout le monde avance aujourd’hui main dans la main : le CN, le Port, le ministère des Transports, la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ).
Mercredi, au bord du fleuve, sous une fine pluie et au bruit de la machinerie, les élites se sont donc félicitées de l’entente retrouvée pour rendre les rives aux citoyens. Les travaux permettront d’allonger de 2,5 km la promenade entre la côte de Sillery et la côte Gilmour.
Présentée comme la plus ambitieuse par les politiques la phase 3 regroupe : une plage, une piscine de 1500 mètres carrés, un miroir d’eau de 200 mètres avec jets, une aire de jeux, 390 stationnements, des pavillons, du mobilier urbain.
Et la baignade dans le fleuve? «Elle ne sera pas interdite», répond Philippe Plante, urbaniste à la CCNQ. Mais elle ne sera «pas surveillée, pas favorisée, pas contrôlée. […] La baignade au fleuve va être à vos risques et périls.» Il sera cependant permis de mettre canots et kayak à l’eau.
Bien entendu, avant d’atteindre l’éden, les habitués du boulevard Champlain devront souffrir. Un peu cet été, beaucoup l’an prochain quand il n’y aura qu’une voie de circulation dans chaque direction. Piétons et cyclistes seront aussi perturbés.
Depuis 2009, même avant
La phase III de la populaire promenade avait été mise sur la glace en juin 2014, quand le financement évalué à l’époque à 130 millions $ — plus que les 100 millions $ de la version initiale — était absent du budget de l’ancien ministre Carlos Leitão, rapportait Le Soleil. Cela rendait automatiquement caducs les contrats qui avaient déjà été signés en 2009 et 2010 pour la réalisation.
En 2017, la phase 3 avait été relancée. Mais il y avait loin du débarquement des ouvriers sur le bord du fleuve.
Si bien qu’en janvier 2019, l’ouverture du chantier semblait traîner. À environ deux mois de l’amorce annoncée des travaux de l’ambitieuse phase 3 de la promenade Samuel-De Champlain, la CCNQ ne s’était entendue ni avec le CN pour tasser le rail ni avec le Port pour l’usage de ses terrains. Les entrepreneurs pour le chantier de 171 millions $ n’avaient d’ailleurs toujours pas été embauchés.
La CCNQ a toutefois publié récemment les appels d’offres pour trouver les entreprises en constructions.
Phase 4
Souvenons-nous, en outre, que la CCNQ a des rêves d’aménagement des berges à l’est aussi. Depuis plusieurs années, il est question de revaloriser «le littoral du Saint-Laurent sur un territoire de 8 km, entre le domaine de Maizerets et le parc de la Chute-Montmorency, dans l’arrondissement Beauport», dixit le site Web de l’institution.
Ce long parc linéaire ne sera toutefois pas construit rapidement : «La phase 4 […], on attend d’avoir le tracé de troisième lien pour peaufiner sa conceptualisation pour, évidemment, tenir compte de l’éventuel troisième lien qui sera à l’est», explique la vice-première ministre Geneviève Guilbault.