Promenade Samuel-De-Champlain: la troisième phase compromise

BAPTISTE RICARD-CHÂTELAIN, Le Soleil, publié le 25 janvier 2019

À environ deux mois du début annoncé des travaux pour la réalisation de l’ambitieuse phase 3 de la promenade Samuel-De Champlain, la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ) ne s’est entendue ni avec le CN, dont les rails doivent être déplacés, ni avec le Port, pour l’usage de ses terrains, a remarqué Le Soleil. Les entrepreneurs pour le chantier de 171 millions $ n’ont d’ailleurs toujours pas été embauchés.

«Il reste des ententes à négocier», expose la conseillère stratégique aux communications et relations publiques, Valérie Lesage. «Il reste quelques ententes à conclure avec le Port de Québec et le CN.»

La CCNQ se veut néanmoins rassurante : «Tout va bien. […] Les négociations vont bon train. Mais ce n’est pas encore fini, ce n’est pas signé encore.»

Au moment d’envoyer cet article, le CN n’avait pas rendu notre appel. Par contre, l’administration portuaire corrobore : il n’y a pas d’accord pour que la promenade passe sur les terres du fédéral, note la conseillère relations publiques et événements, Marie-Andrée Blanchet. «C’est une question d’échange de terrains. Nous, ce qu’on propose, c’est d’aller vers un échange de terrains.»

Même sans contrats avec ces partenaires incontournables, la Commission a néanmoins lancé le troisième volet de la célèbre promenade l’automne dernier. Pas le choix, semble-t-il, si elle veut avoir complété l’aménagement des 2,5 kilomètres s’étirant de la côte de Sillery à la côte Gilmour avant la fin de 2021. Une priorité électorale de la Coalition avenir Québec (CAQ).

«Il y a des travaux préparatoires qui ont commencé cet automne eu bas de la côte de Sillery, aux endroits où il va y avoir des stationnements et une place événementielle», expose Mme Lesage. «Il s’agissait de déboisement et d’installation de conduites de drainage pour faire place au stationnement. On va reprendre après la fonte des neiges, tout avance comme prévu.»

Dans l’espoir de s’entendre avec les «partenaires», la CCNQ s’offre quelques mois de plus pour enclencher le véritable chantier inscrit à l’agenda en avril. «Les grands travaux, eux, vont commencer au printemps 2019, printemps qui s’étire jusqu’au 21 juin», fait valoir Mme Lesage. «On se donne quand même cette marge de manœuvre-là.»

Plan B

«Mais, selon l’avancement de la négociation, on pourrait choisir de privilégier certains travaux plutôt que d’autres», précise Valérie Lesage. Voilà pourquoi les appels d’offres pour embaucher les entrepreneurs n’ont pas été publiés. Il y a un plan B si les pourparlers s’étirent. «On pense qu’on va pouvoir réaliser le plan A, mais on se garde une marge de manœuvre. Le projet est grand. Il y a beaucoup de sections. On peut choisir de commencer des travaux sur une autre section.»

Une recherche dans les titres de propriété permet d’ailleurs de constater que la Commission de la capitale nationale du Québec détient déjà une partie des lots nécessaires à la concrétisation du plan. Mais pas tous les espaces nécessaires pour compléter l’entreprise, occupés par le boulevard Champlain, certaines installations portuaires et l’encombrante voie ferrée.

Piscine, plage…

La phase 3 de la promenade Samuel-De Champlain a été présentée comme la plus ambitieuse par les politiques libéraux qui l’avaient promise. Plage, piscine de 1500 mètres carrés, miroir d’eau de 200 mètres avec jets, aire de jeux, 390 stationnements, pavillons et mobiliers urbains permettront de profiter du rivage.

Sur la table à dessin depuis 2009, la construction de la phase 3 devait finalement commencer en 2013 et être terminée en 2016. Puis en 2017, puis en…

Côté budget, nous avons retracé des articles évoquant une enveloppe de 60 millions $, 100 millions $, 130 millions $, 160 millions $… L’odomètre pointe aujourd’hui 171 millions $.

Au fait, qu’advient-il de la phase 4, à l’Est, vers la chute Montmorency? La CAQ s’est engagée à lancer ce dernier pan de la promenade avant la fin du présent mandat. L’ordre n’a toutefois pas été donné : «Le littoral Est, à l’heure actuelle, on n’a pas de mandat. Ça reste dans le domaine des désirs», clarifie Valérie Lesage. «[Mais] il y a une volonté exprimée qu’on aille de l’avant.»

Au cabinet de la ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault, on a préféré ne pas commenter et laisser la CCNQ répondre aux questions du Soleil.

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