Étienne Paré, Journal de Québec, publié le 7 août 2018
Une semaine après avoir été fermé d’urgence, le pipeline qui alimente l’Aéroport Pierre-Eliott-Trudeau en kérosène devrait être remis en fonction jeudi, mais son état soulève de nombreuses questions.
Parmi les quatre oléoducs qui sillonnent le Québec, le Trans-Nord, qui relie la raffinerie d’Oakville en Ontario à celle de Montréal-Est en passant sous terre par Laval et l’île de Montréal, est de loin le plus défectueux.
Ce sont 79 incidents qui ont été répertoriés sur le pipeline entre 2008 et 2017 et on noterait toujours de plus en plus de problèmes techniques chaque année, selon un rapport d’Équiterre publié en juin
Depuis une semaine, c’est le tronçon qui mène vers l’aéroport de Dorval, afin de ravitailler les avions en kérosène, qui est fermé, rapportait mardi «Le Devoir».
La compagnie albertaine derrière l’oléoduc a juré par courriel mercredi qu’il s’agit «d’une mesure de précaution.»
Le Far West
«Trans-Nord ne met pas l’argent nécessaire sur ses installations et l’Office national de l’Énergie, qui est censé surveiller, ne fait pas sa job. C’est le Far West», s’insurge Steven Guilbeault, directeur principal d’Équiterre.
À l’Office national de l’Énergie (ONE), on assure pourtant que le pipeline Trans-Nord est encore plus surveillé que les autres à cause de son historique de bris mécaniques.
«Et on surveille de très près les travaux de réparations afin que tout soit fait de manière conforme», ajoute Marc Drolet, porte-parole de l’ONE.
Impossible de savoir toutefois où se trouvent les six sites de forage pour réparer le pipeline construit en 1952. La Ville de Laval confirme par contre que Trans-Nord a demandé une autorisation au ministère de l’Environnement du Québec pour forer près d’un cours d’eau, ce qui peut avoir de graves conséquences écologiques.
«Jusqu’à date, il n’a aucun indice qui pourrait motiver notre inquiétude», rassure Véronique Aubry, porte-parole de Laval.
«Mais est-ce qu’on attend d’avoir une catastrophe comme celle de Lac-Mégantic avant de faire quelque chose?», s’inquiète pour sa part Steven Guilbeault.
En camion
D’ici la fin des travaux prévue ce jeudi, le kérosène est acheminé de Montréal-Est à l’aéroport par camion-citerne, un moyen de transport souvent jugé beaucoup plus dangereux par les gens de l’industrie.
«Ça, c’est les compagnies de pipeline qui disent ça. La réalité, c’est que si on est pour transporter des produits pétroliers, faisons-le dans les lois, peu importe le mode de transport», plaide M. Guilbeault