Transport maritime: il est temps que Québec et Montréal travaillent ensemble

Stéphanie Marin, La Presse canadienne, publié le 30 mai 2018

Vue aérienne sur le port de Montréal.... (PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE)Vue aérienne sur le port de Montréal. (PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE)

Il faut que Québec et Montréal mettent leurs guerres d’ego de côté et travaillent ensemble pour faire venir au Québec le transport maritime de marchandises, a lancé mercredi le maire de Québec, Régis Labeaume. Car pendant que les villes d’ici discutent, la Côte Est américaine investit pour accueillir les bateaux débordant de conteneurs.

Il ne faut pas se faire damer le pion par eux, a martelé le maire qui était invité à s’adresser à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) mercredi.

Il a appelé à la collaboration entre les deux villes, mais a aussi insisté sur un point bien précis: pour accueillir les énormes navires de conteneurs, il faut un port en profondeur, de 15 mètres d’eau. Un avantage naturel offert à Québec par le fleuve Saint-Laurent qui y a à cet endroit une telle profondeur.

Car le fait que le canal de Panama ait été creusé pour atteindre 15 mètres de tirant d’eau a beaucoup changé la donne du transport maritime depuis la mise en service des agrandissements en 2016, explique-t-il. Les entreprises vont mettre plus de conteneurs sur des bateaux géants. Il faut alors les amener dans un endroit où il y a aussi 15 mètres de profondeur.

«On l’a. Vous l’avez pas», a-t-il tranché devant son auditoire de gens d’affaires montréalais, lors d’une période de questions animée par le président de la CCMM, Michel Leblanc.

La discussion a été source de quelques frictions. On y a vu M. Leblanc faire valoir au maire de Québec que le port de Montréal a déjà en place une stratégie «très agressive et très bien faite», décrit-il, basée justement sur les conteneurs. Et que rien n’indique que les entreprises voudront décharger leurs navires à Québec. Parlant aux journalistes par la suite, M. Labeaume a confié avoir hésité avant de soulever ce sujet délicat pour les Montréalais. Il a constaté la forte réaction.

«On est d’accord de ne pas être d’accord, a conclu M. Leblanc. Moi j’ai l’impression que Montréal comme pôle logistique, ça a un immense futur».

«Les deux (ports) ont un immense futur», a rétorqué le maire. L’Administration portuaire de Québec travaille depuis un moment pour développer son projet de terminal mondial de conteneurs. Et l’un n’empêche pas l’autre, a-t-il dit devant les journalistes peu après.

Et il faut pourtant s’entendre, a insisté M. Labeaume, car pendant que l’on discute et s’obstine, les États américains sur la Côte Est investissent des milliards dans leurs infrastructures pour y attirer les bateaux.

Il ne restera pour le Québec que le transport local et «les petites affaires». On va perdre de l’argent, tranche le maire.

Tentons de nous élever au-dessus de cela et de travailler ensemble au profit du Québec et du Canada, a dit le maire en ajoutant qu’il faut être «plus intelligents qu’orgueilleux».

Car même s’il juge que l’avenir économique de la ville de Québec ne passe pas par ces conteneurs, il se dit inquiet de ne plus voir le fleuve Saint-Laurent comme une voie achalandée par les bateaux de marchandises. «Au global, qu’est-ce qui est bon pour le Québec?», demande le politicien municipal.

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