Poussière rouge dans Limoilou: le Port et Arrimage se défendent

Un rapport d’experts réfute les arguments des citoyens qui ont intenté le recours collectif sur la pollution de l’air

 

Il y a bien un lien entre les activités d’Arrimage Québec et le nickel dans l’air de Limoilou, mais les quantités de ce polluant restent « marginales », conclut un rapport qui pointe de multiples autres sources de pollution potentielles.

Le Port et Arrimage Québec ont commandé ce rapport qui répond aux arguments invoqués contre eux dans le recours collectif déposé par des citoyens de Limoilou.

Langlois Avocats, qui représente Arrimage Québec, et Norton Rose Fulbright, qui représente l’Administration portuaire de Québec, ont retenu les services d’un groupe d’experts de Corem, Norda Stelo et SNC-Lavalin, soit Jean-Luc Allard, ingénieur et spécialiste de la qualité de l’air, Vital Boulé, biologiste et expert en environnement, et Jean-François Wilhelmy, géologue et spécialiste en minéralogie.

Les experts se sont penchés sur la question au cœur du recours collectif initié par Véronique Lalande et son conjoint, Louis Duchesne. Ces derniers soutiennent que l’émission de poussière par le Port et Arrimage Québec dépasse les normes et nuit au voisinage.

Critiques multiples

Dans un rapport de 124 pages, daté de septembre 2017 et dont Le Journal a obtenu copie, les experts analysent la question et confrontent les méthodes d’échantillonnage utilisées par Mme Lalande et M. Duchesne, qui avaient eux-mêmes prélevé de la poussière rouge sur les surfaces extérieures de leur ancienne demeure de Limoilou.

Ils s’attaquent aussi à l’expertise présentée par Denis Dionne qui a agi comme expert indépendant pour le compte des demandeurs, critiquant la méthodologie utilisée. M. Dionne concluait que la baie de Beauport était exposée à des concentrations particulièrement élevées de nickel.

Dépassements des normes

Les experts admettent qu’il y a « des dépassements de la norme pour tous les mois de l’année » et que « les concentrations moyennes et journalières les plus élevées sont enregistrées aux stations les plus proches des activités d’Arrimage Québec ».

Mais, soulignent-ils, même lorsque les taux dépassent la norme, ils représentent une portion « tout à fait négligeable » des particules en suspension dans l’air.

D’ailleurs, Allard, Boulé et Wilhelmy reprochent à l’expert Dionne d’avoir centré ses recherches sur les activités d’Arrimage Québec. Il existe au contraire plusieurs sources d’émissions polluantes autour du port. Ils citent, entre autres, « les transports, les abrasifs étendus sur les routes, les chantiers de construction, les dépôts à neige, les sites de manutention en vrac, les incendies et l’incinérateur de Québec ».

« Les secteurs de transports et de la construction/démolition constituent des sources prédominantes d’émission dans la zone. »

Le rapport pointe également une « lacune » dans l’argumentation du groupe du recours collectif. Il est impossible, disent-ils, de vérifier le taux de « retombée de poussière » sur le quartier puisqu’il n’existe aucune mesure pour ce faire. Cela empêche de vérifier si la norme de 7,5 tonnes/km² est respectée.

 

UN LONG COMBAT S’AMORCE

  • Recours collectif contre Arrimage Québec et l’Administration portuaire de Québec
  • Autorisé le 3 août 2015
  • Vise environ 50 000 personnes, soit toutes les personnes propriétaires ou résidentes depuis le 31 octobre 2010 de certains secteurs des quartiers Vieux-Limoilou, Saint-Roch, Saint-Sacrement, Saint-Sauveur et Maizerets.
  • Dommages réclamés de 1000 $ par personne, par année

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