Le Port de Québec croit en son projet de conteneurs – Le PDG de l’organisme ne se formalise pas des critiques exprimées à l’égard du nouveau Beauport 2020.

Pierre-Paul Biron, Journal de Québec, publié le 11 janvier 2018

La direction du Port de Québec n’en démord pas: malgré les critiques, c’est par un terminal de conteneurs en eau profonde que passe le salut de l’organisme, qui entend aller chercher de cette façon des parts de marché actuellement détenues par d’autres installations américaines.

Mario Girard s’est dit bien au fait des critiques qu’a soulevées l’annonce de la mutation du projet Beauport 2020 vers un projet 100 % conteneurs. Toutefois, le président-directeur général du Port de Québec ne se formalise pas de ces reproches, qu’explique, selon lui, la peur du changement.

«Quand on veut changer l’ordre établi, c’est normal qu’il y ait une forme de résistance, de scepticisme et de préoccupation. Mais ça va nous faire plaisir d’aller faire un tour parmi ces gens-là pour présenter l’ensemble de nos études. On a fait nos devoirs et on a un plan d’affaires solide appuyé par deux années d’études et des experts internationaux», a assuré Mario Girard jeudi matin, lors de son point de presse bilan de l’année 2017.

Parmi les organismes ayant publiquement critiqué la décision du Port de Québec, l’Association des employeurs maritimes n’a pas souhaité en rajouter jeudi. Un porte-parole a toutefois confirmé au Journal que l’Association avait envoyé une lettre aux différents paliers de gouvernement pour leur faire part de ses doléances.

Concurrence à New York

Pour la suite des choses, le PDG a précisé qu’il partirait bientôt pour une tournée de démarchage à l’international afin de vendre le projet Beauport 2020. Il dit avoir bon espoir d’attirer des navires de moins de 10 000 conteneurs à Québec. Plusieurs de ces cargos transitent actuellement par les ports de New York et de Virginie, concurrents directs de Québec qui détiennent le marché des ports en eau profonde dans l’est de l’Amérique du Nord.

«Les 15 mètres d’eau permettent d’aller chercher des bateaux de 15 000 conteneurs, mais on ne parlera jamais de bateaux de 15 000 conteneurs à Québec, parce qu’on n’a pas le marché de distribution suffisant pour ça. Mais des bateaux de 6000 [à] 9000 conteneurs, ça, on a la capacité», estime M. Girard.

Quant aux questions environnementales liées à cette version 2.0 du projet Beauport 2020, le Port de Québec assure qu’il collaborera pleinement aux démarches d’accréditation. Mario Girard a précisé que le port pourrait être appelé à répondre aux questions de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE) d’ici la fin mars, en vue du dépôt prochain du rapport de l’entité gouvernementale. Des consultations publiques pourraient ensuite avoir lieu.

«Nous proposerons aussi une journée portes ouvertes où le projet sera présenté en détail. C’est une démarche de communication avec la communauté qui se fera dans les prochaines semaines», a précisé M. Girard.

Bilan 2017

Appelé à dresser son bilan de la dernière année, le PDG du Port de Québec a indiqué que 2017 avait été une année remarquable, tant sur le plan commercial que sur le plan touristique. Les activités de transbordement ont notamment augmenté de 11 %, avec un total de 27,5 millions de tonnes de marchandise manutentionnée.

Le volet croisière n’a pas été en reste, la barre des 200 000 visiteurs ayant été atteinte pour une toute première fois. Trente-quatre navires différents ont accosté à Québec, pour un total de 132 escales.

LE PROJET BEAUPORT 2020 EN BREF

  • Projet de 400 millions $
  • Permettrait d’accueillir 500 000 conteneurs par année
  • Vise principalement des navires de grande capacité, de moins de 10 000 conteneurs
  • Création prévue d’un arrière-quai de 17 hectares à Beauport pour l’accueil des conteneurs

NOUVELLE VOCATION POUR LES SILOS DE GRANULES DE L’ANSE-AU-FOULON EN 2018

La direction du Port de Québec et Arrimage Québec assurent que les deux silos à granules de l’Anse-au-Foulon auront une nouvelle vocation au cours de l’année 2018. L’aventure Rentech officiellement terminée, des démarches seraient actuellement en cours pour la venue d’un nouveau joueur pour occuper les structures.

Questionné jeudi sur l’avenir des controversés silos construits en 2013 au coût de 20M$, le PDG du port a indiqué qu’une solution pointait à l’horizon. «Je peux vous assurer qu’il y a des discussions commerciales en cours actuellement», a souligné Mario Girard sans vouloir donner plus de détails. «Il faudrait demander aux gens qui travaillent fort là-dessus», a-t-il ajouté en parlant de l’entreprise Arrimage Québec, qui avait fait construire les silos.

Le président d’Arrimage Québec n’est guère plus bavard sur ce dossier, mais confirme que le lien d’affaires avec l’entreprise Rentech, qui louait les silos, est bel et bien terminé. La firme américaine, qui avait vu son contrat avec l’entreprise de Québec être brisé en décembre dernier, s’est placée sous la protection de la faillite aux États-Unis quelques jours plus tard.

«On voit un bel avenir pour le terminal, mais à ce stade-ci, comme c’est devenu un point légal, on ne peut pas dire où on en est pour le moment. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on attend un dénouement positif à tout ça», a expliqué le PDG Robert Bélisle, qui assure un dénouement en 2018. «Ce sera dans la prochaine année.»

Mal-aimés

Les deux silos, facilement reconnaissable dans le paysage du secteur de l’Anse-au-Foulon, ont beaucoup fait jaser depuis leur construction en 2013. Autant pour les doutes quant à leur nécessité que pour leur impact sur le paysage, les structures sont rapidement devenues des mal-aimées. «Ils l’ont complètement échappé, les deux. Ç’a été mal fait», avait même lancé le maire Régis Labeaume en novembre 2013 à propos du port et d’Arrimage Québec, en charge du projet.

Pourtant, encore aujourd’hui, le PDG du port Mario Girard défend la décision de construire les deux silos. «C’est une super belle infrastructure, à la fine pointe, très moderne en matière de transbordement. C’est extraordinaire ce qu’on a fait là au niveau technologique et du marché potentiel», a insisté M. Girard jeudi.

RÉFECTION D’INFRASTRUCTURES À PRÉVOIR

La direction du Port de Québec entend profiter de nouveaux programmes gouvernementaux pour obtenir des subventions en vue de la réfection de ses infrastructures.

Citant la nouvelle stratégie maritime provinciale et le Fonds national de corridors commerciaux, Mario Girard, président du port, précise avoir déjà déposé des demandes. «On a présenté des projets, plusieurs demandes ont déjà été faites et on devrait avoir des réponses quelque part en mars», précise le PDG.

Parmi les projets ciblés, Beauport 2020 représente évidemment un gros morceau, tout comme la réfection de certains quais et la réparation de l’écluse du Bassin Louise.

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